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Le billet vert. La guerre de la consigne aura-t-elle lieu à l'Assemblée?

La consigne sur les bouteilles en plastique, est-ce une bonne idée ? Les députés vont devoir débattre de ce sujet clivant.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
La secrétaire d'État à la Transition écologique, Brune Poisron, teste un système de consigne de bouteilles à Strasbourg (Bas-Rhin), le 21 juin 2019. (MAXPPP)

Depuis des mois, le projet de consigne sur les bouteilles en plastique de Brune Poirson, secrétaire d'Etat à l'Ecologie, fait l'objet d'une bataille d'arguments et de chiffres entre le gouvernement et des associations d'élus locaux mais aussi les recycleurs. Les députés commencent à en débattre. 

La consigne sur les bouteilles en plastique, on se dit qu'a priori c'est une bonne idée. Donner une valeur à un déchet a souvent permis de réduire sa consommation. C'est par exemple ce qu'il s'est passé sur les sacs plastiques de caisse à usage unique. On les a rendu payants, du coup, on en utilise beaucoup moins. Mais quel sera l'impact sur le prix d'une bouteille d'eau par exemple ? Le projet prévoit 15 centimes de plus pour cet emballage mais s'il est rapporté dans une machine de déconsignation, cette contribution sera récupérée. Et si à la fin, cela permet qu'il y ait moins de déchets dans l'environnement, ce ne serait pas mal.

Le plastique est un fléau pour l'environnement

Une bouteille en PET va mettre presque 500 ans à se dégrader et encore elle laissera des microplastiques dans la chaîne alimentaire. Aujourd'hui, nous avons surtout un problème pour les bouteilles, celles qui sont consommées hors foyer. Elles peuvent se retrouver sur les plages, abandonnées dans les bois par des consommateurs indélicats ou jetées dans une poubelle non triée ; et donc finir à l'incinérateur ou en décharge. Des machines de déconsignation seraient donc très efficaces dans nos gares, nos aéroports, dans la rue ou près des lieux touristiques, pour qu'elles ne finissent plus posées par terre à côté des poubelles qui débordent.

Mais les élus sont vent debout contre un système qui inciterait les particuliers à rapporter leurs bouteilles vides au supermarché, par exemple, plutôt qu'à les mettre dans le bac jaune. Emmanuel Macron au Congrès des maires, avant-hier, leur a dit que rien ne se ferait sans leur accord. Ils attendent aujourd’hui les précisions d’Edouard Philippe.

Le PET : un plastique rentable

Le plastique transparent de nos bouteilles, le PET, est l'un des plus rentables de la poubelle. À 350 euros la tonne, il est soigneusement récolté quand il est dans votre bac jaune, récupéré par votre centre de tri et revendu à un recycleur pour en faire de nouveaux objets. Si demain ce plastique passait par le réseau des supermarchés par exemple, la matière échapperait à une partie des acteurs de sa chaîne de valeur. Ce serait un gros manque à gagner pour les collectivités.

Depuis plusieurs années, ces collectivités mais aussi les recycleurs comme Paprec, Véolia ou Suez ont investi pour moderniser les centres de tri. Et pour qu'à la maison on ne se demande plus dans quel bac mettre les emballages, les bouteilles, les pots de yaourt, les conserves : tout doit aller dans le bac jaune.
Mais pour l’instant, seulement la moitié des Français sont concernés. Cela ne va pas assez vite pour certains. La consigne accélèrerait la récupération des bouteilles perdues mais la consigne fragiliserait la rentabilité des installations pour d'autres. Brune Poirson leur a rappelé hier encore que cela n'aurait pas d'impact sur leurs finances, sans les convaincre. 

Le débat parlementaire s'annonce tendu

Lors du débat de la loi sur le gaspillage, les sénateurs ont plaidé pour une consigne sur les bouteilles en verre, mettant à mal le projet de départ de Brune Poirson. Celle-ci plaide aujourd'hui pour une double consigne : sur le plastique et le verre. Ce que salue maintenant l'association Zéro Waste. Cela fait des mois que les réunions s'enchaînent au ministère, que les téléphones chauffent et les courriers fusent pour éviter à tout prix la mesure, chez les élus locaux et les professionels du recyclage. On attend maintenant de voir comment va se passer le débat parlementaire, pour savoir de quel côté la majorité penche et ce que va défendre le gouvernement. La bataille continue. 

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