Agriculture : qu'est-ce que le thiaclopride, cet insecticide dont des résidus peuvent être présents dans des fruits et légumes importés

Le Premier ministre dit vouloir empêcher l'importation en France de fruits et légumes traités avec le pesticide thiaclopride. Pourquoi ce produit est-il dans le viseur ? À quoi sert il ?
Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La substance active du thiaclopride , interdit en Europe, éloigne les parasites est absorbée par la plante, et il se propage dans l'ensemble de sa structure (photo d'illustration). (CHRISTIAN WATIER / MAXPPP)

Gabriel Attal veut empêcher l’importation en France de fruits et légumes traités avec le thiaclopride. C'est l'une des mesures dévoilées par le Premier ministre jeudi 1er février pour apaiser la colère agricole. Cet insecticide élimine les ravageurs des cultures comme, par exemple, les pucerons ou les doryphores. Fabriqué par les laboratoires Bayer, ce produit fait partie de la famille des néonicotinoïdes, qui ont un principe redoutable. La substance active qui éloigne les parasites est absorbée par la plante, et il se propage dans l'ensemble de sa structure : des feuilles, à la fleur, en passant le pollen. C’est pour cela que ce genre de produit a aussi un impact sur les abeilles et autres pollinisateurs. Il s’attaque à leur système nerveux, les désoriente, et contribue à leur déclin. 

S'il est interdit en Europe, ce n'est pas uniquement pour cette raison. Au-delà de l’impact sur les pollinisateurs, l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a aussi estimé dans un avis de 2020 que le thiaclopride peut avoir des conséquences pour la santé humaine. Il est reprotoxique, c’est-à-dire potentiellement nocif pour la fertilité et les fœtus. Il est également classé comme cancérigène probable et comme perturbateur endocrinien.

Une concurrence déloyale

Ce produit peut dérégler le système hormonal. Ceci explique pourquoi la France l’a interdit en 2018, et que l’ensemble de l’Union européenne en a fait de même en 2020. Mais comme cet insecticide continue d'être utilisé dans d’autres pays du monde, certains fruits et légumes importés peuvent comporter des résidus de ce traitement. Gabriel Attal veut mettre fin à cette concurrence déloyale, en interdisant les importations de produits traités au thiaclopride.

C’est une mesure miroir. On impose aux produits importés de respecter les mêmes règles que celles imposées aux agriculteurs européens. Malgré cette première avancée, les organisations de défense de l’environnement restent sur leur faim. Ce point représente une goutte d’eau par rapport à ce qu’il faudrait faire, estime Barbara Berardi, directrice de recherche pour l’ONG Pollinis. Si on veut aller jusqu’au bout de cette logique, il faudrait interdire l'importation des produits alimentaires traités par l'ensemble des pesticides, fongicides, herbicides déjà interdits en Europe, mais qui continuent d'être utilisés ailleurs dans le monde. La liste, dit-elle, ne devrait pas s'arrêter au seul thiaclopride.

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