Le billet sciences du week-end. Journée mondiale des toilettes : un constat sanitaire désastreux
La journée mondiale des toilettes sur le thème de l’assainissement durable et du changement climatique, s'est déroulée le 19 novembre dernier, sous l’égide de l’ONU. Elle nous rappelle que des situations sanitaires désastreuses existent dans de nombreux pays du monde.
À l’occasion de la journée mondiale des toilettes organisée par l’ONU le 19 novembre dernier, nous évoquons aujourd'hui la réalité des enjeux sanitaires à travers le monde et les perspectives pour des toilettes plus respectueuses de notre environnement.
Plus de quatre milliards de personnes sans installations sanitaires sécurisées
L’accès à des installations sanitaires reste une question fondamentale dans le monde. À l’échelle mondiale, plus de quatre milliards de personnes vivent aujourd’hui sans accès sécurisé à des installations sanitaires, (plus de 673 millions de personnes pratiquent encore la défécation à l'air libre) et 40% de la population mondiale ne dispose pas d’installation pour se laver les mains à domicile.
Cette situation contribue largement à la propagation de maladies graves, telles que la typhoïde, le choléra et aujourd’hui le Covid-19. En ce sens, le développement de systèmes d’assainissement durables constitue l’un des objectifs majeurs de l’ONU. Les excréments humains peuvent constituer une ressource qui pourrait se révéler très utile, notamment dans l’agriculture.
Les eaux usées et les boues des toilettes contiennent de l'eau, des nutriments et de l'énergie qui sont précieux. Notre urine par exemple contient de nombreux nutriments, comme l’azote, qui peut être utilisé pour fertiliser les champs sans avoir recours à des engrais chimiques très polluants.
Potentiellement, un être humain qui aurait à sa disposition une centaine de mètres carrés pourrait fonctionner en circuit complètement fermé. Si on réutilisait l’urine, on pourrait se nourrir, sans avoir besoin d’engrais extérieurs.
Benjamin Clouet, cofondateur et gérant de la SCOP Ecosec
Nos matières fécales peuvent également être valorisées. Ces dernières peuvent par exemple être utilisées en compost, ou alors servir à la fabrication de biogaz, produit par la fermentation de matières organiques en l'absence d'oxygène, et permettant de se chauffer ou de faire la cuisine.
Aujourd’hui, pour pouvoir réutiliser ces déchets, il faudrait être capable d’isoler les urines et les matières fécales à l’aide de toilettes adaptées. C’est ce qu’a réussi à inventer la SCOP Ecosec. "La base, c’est la séparation à la source. C’est-à-dire, séparer les trois flux qu’on a à l’intérieur du foyer domestique : les flux d’eau grise (douche, lavabo, lave-vaisselle, etc.), les urines et les matières fécales", précise Benjamin Clouet.
Même dans l’espace, nos déchets sont revalorisés
Aujourd’hui, un litre d’eau envoyé dans l’espace coûte entre 10 et 15 000 euros. Des technologies ont été développées afin de filtrer les urines en eau potable, pouvant être bue par les astronautes. Mais on peut aussi, en extraire de l’ammoniac, qui, à travers une pile à combustible, fabrique de l’électricité !
Les selles, elles, sont stockées dans des containers qui brûlent au contact de l’atmosphère. Ces toilettes pour astronautes devraient servir pour le premier voyage habité sur Mars, à l'horizon 2030 pour la NASA. Elles ont déjà coûté 20 millions de dollars, soit l’équivalent de l’installation d’environ 200 000 toilettes en Inde.
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