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Le billet sciences du week-end. Des transports plus accessibles pour une mobilité inclusive

Alors que le déconfinement se généralise peu à peu, les transports en commun se remplissent à nouveau, compliquant parfois les parcours des usagers en situation de handicap.

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La navette "Cristal" de la société Lohr à Strasbourg.  (LOHR)

Selon l’observatoire des mobilités Keoscopie, 30 millions de français se trouveraient en situation de fragilité dans leur mobilité. Cela inclut les handicaps moteurs, sensoriels et mentaux, mais aussi les difficultés à lire ou à comprendre les outils digitaux par exemple. Pour répondre à ces besoins particuliers, la loi de 2005 sur l’égalité des droits des personnes handicapées exige que les transports publics soient accessibles à tous. Un objectif qui devait être atteint en 2015. Six ans plus tard, on en est encore loin.

Des difficultés persistantes

Depuis 2005, de nombreuses solutions innovantes ont été mises en œuvre par les opérateurs de transport. Il y a bien sûr les transports adaptés comme, par exemple, le service PAM (Pour Aider à la Mobilité), en Île-de-France. Des ascenseurs, des bandes de guidage et des balises sonores fleurissent tout au long du parcours voyageur.

Autonom Cab, la navette autonome sans conducteur Keolis Navya, à propulsion 100% electrique. Chateauroux, 20 février 2020. (NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS / AFP)

Du côté des pouvoirs publics, les investissements sont conséquents. En avril, la région Pays de la Loire a adopté une charte pour l’accessibilité des transports, afin de faciliter la mobilité ferroviaire et routière sur son réseau Aléop.

La région Île-de-France contribue, quant à elle, à hauteur de 50 millions d’euros pour la mise en accessibilité de 17 gares SNCF par an. Le bus parisien a, lui, été déclaré totalement accessible en 2009. Toutefois, certaines solutions de mobilité restent parfois compliquées à emprunter pour les usagers à mobilité réduite.

Intérieur d'un nouveau métro de la ligne 14 à Paris au dépôt de Saint-Ouen, ligne qui relie Saint-Lazare à la Mairie de Saint-Ouen. Le 3 décembre 2020 avant l'inauguration. (BERTRAND GUAY / AFP)

Dans le métro parisien, seule la ligne 14 est totalement accessible."On ne peut pas utiliser le RER en autonomie, il faut l’intervention d’un agent, parce qu’il y a une marche à descendre. Il m’est arrivé plusieurs fois de ne pas trouver d’agent à l’arrivée. Une personne en fauteuil électrique se retrouve alors coincée", souligne Pierre-Emmanuel Robert, utilisateur d’un fauteuil roulant manuel, et engagé auprès de l’association APF France Handicap.

Des solutions qui s’adaptent à tous les besoins

Pour combler ce retard, la société Lohr à Strasbourg propose un véhicule appelé "Cristal" adapté au handicap, autonome et sans chauffeur. Il permet en étant accouplé de faire office d'un bus, ou désaccouplé, il est en mesure de venir chercher les personnes à mobilité réduite, géolocalisées par smartphone. Cela permettra d’éviter un deuxième handicap, celui de l’isolement.

En attendant, la recherche et le développement font appel à l’ergonomie, qu’elle soit physique ou cognitive. "Tous les éléments sont des modules. On peut les enlever et en mettre de nouveaux très facilement, ce qui permet à la fois de changer l’intérieur pour permettre l’accessibilité, mais aussi de moderniser avec les dernières solutions. On a aussi développé un concept modulaire, un “comble-lacunes” en hauteur. Grâce à une solution pneumatique, il permet de s’adapter exactement, au millimètre près, à la hauteur du quai extérieur", précise Camille Jaigu, manager de programme sur la plateforme métro d’Alstom.

Le numérique au service de l’inclusivité

D’autres opérateurs utilisent le numérique pour aider les personnes handicapées à mieux s’orienter dans les hubs de transport. L’application Navilens permet aux personnes déficientes visuelles de recevoir un guidage vocal en temps réel en gare. Cette solution est actuellement expérimentée par Keolis entre les gares routière et ferroviaire de Versailles Chantiers.

Une personne déficiente visuelle qui porte son téléphone autour du cou repèrera automatiquement des codes-barres 2D. L’application peut alors indiquer, par exemple, la présence d’un escalier avec 19 marches, suivi d’une plateforme et un second escalier de 21 marches. Les personnes déficientes visuelles nous disent que c’est la première fois qu’on comprend leur problématique, qu’elles comptent les marches. 

Arnaud Julien, directeur innovation, data et digital de Keolis

Malgré de lourds investissements dans les gares et les matériels roulants, il y a encore beaucoup de chemin à faire pour faciliter l’accès aux transports en commun pour tous. Cela inclut aussi les personnes fragiles, fatiguées et les personnes valides qui ont un vélo, une grosse valise, une poussette ou un bébé dans les bras. De la recherche et du développement pour le bien du plus grand nombre !  

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