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Qui est Georg Gänswein, le secrétaire particulier qui a accompagné Benoit XVI jusqu’à son dernier souffle ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'archevêque Georg Gänswein, le 18 juillet 2019. (PATRICK SEEGER / DPA)

Georg Gänswein était le secrétaire particulier de Benoit XVI. On peut même dire son "confident". L'archevêque aura passé 19 ans dans l’ombre de Benoit XVI. Dans les toutes dernières heures, il fait partie des cinq qui se sont relayées pour ne pas le laisser seul – avec les quatre femmes qui s’occupaient de lui depuis les presque 10 dernières années qu’il vivait dans ce monastère Mater Ecclesiae dans les jardins du Vatican. C’est lui qui a révélé à Vatican News, le média officiel du Vatican ce qui est présenté comme ses  "tous derniers mots" : "Seigneur je t’aime". Il était 3 heures du matin dans la nuit du 30 au 31 décembre. Benoit XVI s’est éteint à 9h34. 

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Allemand comme le pape émérite, Georg Gänswein est né dans une petite ville de la Forêt Noire, tout près de la frontière suisse. Il parle quatre langues couramment dont le latin, mais il ne se tourne pas immédiatement vers le sacerdoce puisqu’il veut devenir agent de change. Étudiant très sportif, il joue au foot, est moniteur de ski, et joue de la clarinette. Il est finalement ordonné prêtre à presque 28 ans. Georg Gänswein décroche, 10 ans plus tard, à Munich un doctorat en droit canon. Quand il rejoint le Vatican en 95, Ratzinger l’invite d'ailleurs assez vite à rejoindre la Congrégation pour la doctrine de la foi où il est chargé de l’examen des doctrines, et très vite réputé "sévère".  En 2000, il devient le confesseur d’un autre pape, Jean-Paul II et évêque ! Mais son mentor, c’est vraiment Ratzinger qui en fait son secrétaire particulier en 2003 alors qu’il a déjà 76 ans, et n’a pas du tout l’intention d’être pape. On connait la suite, il devient Benoit XVI deux ans plus tard et Georg Gänswein le suit évidemment. 

Le "Georges Clowney du Vatican"

Assez vite, Georg Gänswein se retrouve dans la lumière pour deux raisons très différentes. D’abord avec l’affaire Vatileaks. Un scandale qui éclate au bout d’un an et qui révèle l’atmosphère exécrable au sein du Vatican. C’est lui qui aurait identifié la taupe, l’ancien majordome Paolo Gabriele, qui sera d’ailleurs condamné. L’autre raison c’est que la presse italienne flashe complètement sur cet athlète aux yeux bleus, assez gâté par la nature et toujours assez élégant. Elle le surnomme le "Georges Clowney du Vatican". Un an plus tard, en 2007 la presse féminine s’affole complètement lorsque la créatrice de mode Donatella Versace ,la sœur de Gianni Versace, révèle qu’il lui a inspiré sa collection de prêt à porter messieurs ! "Malgré son austérité, il représente un sex-symbol pour une grande partie des femmes italiennes, selon Donatella Versace. Son port, son élégance naturelle, ses yeux bleus à la Harrison Ford. Plusieurs des costumes que j'ai dessinés évoquent ce look clergyman". Georg Gänswein réagit assez mal. Dans une interview au programme allemand de Radio Vatican, il se dit à l’époque "surpris et aussi un peu agacé". Il se confie au passage sur son rapport avec les femmes. "Je n'ai jamais eu de difficulté avec le sexe dit 'faible', j'ai toujours eu un rapport serein et aussi très naturel jusqu'à aujourd'hui." 

Pendant le pontificat de Benoit XVI, le secrétaire particulier passait ses journées avec lui. Juste après la messe de sept heures, ils prenaient leur petit déjeuner ensemble, il le retrouvait dans la matinée pour un échange, l’emmenait aux audiences privées de la mi-journée, repas, promenade ensemble avant la sieste. Et en fin de journée, il lui faisait signer les courriers plus importants. Sur le fond, il était sans doute plus conservateur que Benoit XVI. On sait qu'il a un temps fréquenté le séminaire intégriste fondé par Monseigneur Lefebvre en Suisse. Il est considéré comme l’inspirateur de son rapprochement avec les traditionnalistes de la Fraternité Saint Pie X. 

Le protecteur de Benoit XVI

Au moment du renoncement, il est l'un des premiers prévenus huit mois avant ! C'est même lui qui a formellement éteint la lumière en partant. Il raconte même dans une interview au Corriere de la Serra, lundi 2 janvier, qu'à l'époque, il a fondu en larmes au moment de monter dans l'hélicoptère. Depuis 2013, le pape François l'avait d'abord gardé pour organiser ses audiences mais l’écarte totalement en février 2020. Il le soupçonne d'attiser les tensions avec Benoit XVI, notamment à cause d'un livre, co-signé par le pape émérite, mais auquel Georg Gänswein a forcément participé vu son état de santé, dans lequel il critique la tentation de François de permettre l'ordination d’hommes mariés. En fait, Georg Gänswein était et restera fondamentalement le protecteur, le chien de garde de Benoit XVI. Chaque fois que le bilan était mis en cause, notamment sur cette affaire de prêtre pédophile sur laquelle il lui est reproché de ne pas avoir été assez clair. À 66 ans, c'est sans doute ce rôle qu'il devrait continuer d'assurer, notamment en vue d’une béatification rapide. 

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