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Lancement de "France Nation Verte" : Qui est Stéphane Vatinel, le fondateur de la Recyclerie, où Elisabeth Borne a prononcé son discours ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des gens marchent devant le restaurant Recyclerie, une ancienne gare de chemin de fer de la petite ceinture sur le boulevard Ornano dans le 18e arrondissement à Paris le 4 novembre 2020 (MICHEL RUBINEL / AFP)

La présence de la Première ministre à la Recyclerie, vendredi 21 octobre dans l’après-midi, Stéphane Vatinel en a été prévenu jeudi matin. Initialement le discours d’Elisabeth Borne était programmé dans le Tarn, à Gaillac. L’actualité parlementaire l’a contrainte à rester à Paris. D’où ce lieu, très identifié par la mouvance écolo - c’est là qu’a été présentée il y a un mois la charte des journalistes sur l’urgence écologique. Tellement identifié, que les ministres Christophe Béchu,  Agnès Panier-Runacher et autres l’avaient réservé pour lancer justement vendredi le Conseil national de la refondation sur le climat et la biodiversité. La cheffe du gouvernement s’est donc rajoutée au dernier moment.  

Pour ceux qui ne connaissent pas, la Recyclerie est un bar/restaurant posé sur les anciens rails de la petite ceinture de Paris, à deux pas de la porte de Clignancourt. Un îlot de verdure en ville installé dans un esprit de récup, avec des ateliers, des conférences. Un endroit assez sympathique, assez bobo où le tout Paris va bruncher le week-end ou boire des bières en soirée. Cela lui vaut aussi des critiques de la part des associations environnementales qui ne le trouvent pas assez engagé socialement et écologiquement.

Un malin, doublé d'un fêtard   

Le créateur du lieu, Stéphane Vatinel n’est pas lui-même un militant, même s’il affirme ramasser par terre, depuis toujours, au moins cinq papiers par jour. C'est surtout un malin, doublé d'un fêtard. C'est vraiment le provincial qui le bac en poche, s’enfuit du village de 1500 habitants de ses parents dans l’Ain et "monte à Paris". Il tente la Sorbonne, en économie, ça l'ennuie. Le cinéma comme assistant régie, idem. Finalement, il se fait connaître en créant et parfois en revendant des lieux de spectacle : le Divan du monde, la Machine du Moulin Rouge, grâce au tout premier, "Glazart" créé en 92, pour le coup avec essentiellement de la débrouille. "Comme mon papa est maçon et ma maman est décoratrice, rappelle Stéphane Vatinel, je me dis avec des copains, on va monter un lieu pour accueillir des musiciens. On y vivait sept jours sur sept. On a présenté pendant les 16 années qui ont suivi, je ne sais combien de milliers de concerts, d’expositions, de pièces de théâtre. Un jour un monsieur nous dit : 'je vous achète le Divan du monde mais je voudrai monter un lieu d’engagement qui va dénoncer la France-Afrique et qui va parler d’environnement.'"     

Une ancienne gare parisienne 

Ce monsieur, c'est Olivier Laffon, un promoteur immobilier qui est décédé l'an dernier. Le lieu d'engagement, c'est le Comptoir général qui va devenir un espace de rencontre et de débat dans le 10e arrondissement de Paris. Avec sa boite Sinny & Ooko, il rachète ou loue des friches. Une ancienne gare parisienne pour la Recyclerie. Un grand espace libéré par la SNCF à Pantin pour la Cité fertile, où s'installent une brasserie, des espaces loués aux entreprises. On est en plein dans ce qu'on appelle "les tiers-lieux". Avec même depuis plusieurs années un "Campus des tiers lieux" qui forme des gens désireux de monter ce genre d'endroits partout en France.    

Si la Recyclerie ne fait pas l'unanimité dans la mouvance écologiste c’est sans doute parce qu’elle est devenue trop "branchée", pas assez socialement impliquée. Les ateliers de réparation où l’on peut venir réparer son grille-pain sont payants ! Certains lui reprochent aussi de ne pas aller assez loin dans la cohérence environnementale. Finalement : c'est LE grand débat de l'écologie du moment, entre les plus radicaux et les autres. Et Stéphane Vatinel assume complètement sa non radicalité.

"Est-ce que la radicalité sera le curseur qui va faire en sorte que ça aille plus vite pour pouvoir modifier nos comportements, ou est-ce que c’est rassembler qui va nous permettre d’aller plus vite ?

Stéphane Vatinel

C’est comme ça que d’après nous, on arrivera à rassembler les néophytes et ceux qui sont vraiment convaincus depuis longtemps qu’il faut avancer parce qu’on est pressés", conclut Stéphane Vatinel. Pas radical donc. À la fin du discours de la Première ministre vendredi après-midi, Stéphane Vatinel voulait y croire, ne cachant pas toutefois qu'il dort désormais très mal depuis le dernier été caniculaire.

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