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SNCF : pour Laurent Brun, de la CGT-Cheminots, "le gouvernement est dans un monologue social"

Laurent Brun, de la CGT-Cheminots, était l'invité de l'interview éco de franceinfo. Il est revenu sur la grève à la SNCF qui commence lundi soir.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Laurent Brun de la CGT-Cheminots, lundi 2 avril sur franceinfo. (RADIO FRANCE)

La grève perlée des cheminots de la SNCF contre les ordonnances du gouvernement commence lundi 2 avril au soir. De grosses perturbations sont à prévoir sur le réseau ferroviaire : deux jours de grève tous les cinq jours jusqu'à trois mois. Invité lundi de l'interview éco de franceinfo, Laurent Brun, secrétaire général de la CGT cheminots, assure que le gouvernement est dans "un monologue social" et provoque "la confrontation".

franceinfo : Après deux premiers jours de mouvement, jeudi vous suspendez la grève, est-ce que les trains rouleront normalement ce jour-là ?

Laurent Brun : C'est de la responsabilité de la direction de la SNCF. Ce que nous constatons c'est que l'entreprise est tellement désorganisée en interne qu'il ne serait pas étonnant que le bazar se maintienne en-dehors des jours de grève. C'est exactement ce que nous dénonçons et ce qui n'est pas réglé par la réforme ferroviaire.

Pour tenir plus longtemps, vous avez choisi - vous la CGT mais aussi d'autres organisations syndicales - de faire une grève par épisodes : deux jours sur cinq jusqu'à trois mois, qui allez-vous gêner : le gouvernement ou les Français ?

La question est de couvrir l'intégralité du processus des ordonnances puisque la loi d'habilitation qui passe début avril n'est que le début du processus et que celui-ci s'étend jusqu'au mois de juin, date de la loi de ratification des ordonnances. Donc nous voulons pouvoir peser et être présents sur chacun des moments de ce processus et donc évidemment il est question de tenir sur la durée. Ensuite, qui gêner ? Nous ne cherchons pas à gêner. De fait une grève interrompt une production, donc forcément ça créé nécessairement une gêne quelque part. La meilleur manière d'éviter la gêne, ça n'est pas - comme le gouvernement ou la direction SNCF le font - en promettant la guerre, c'est au contraire de négocier voire de reculer et de donner des réponses aux salariés.

Qu'est-ce qui pourrait arrêter cette grève ?

Ce qui pourrait arrêter la grève d'abord c'est le retrait du projet du gouvernement parce que ce projet comporte trois sujets : ouverture à la concurrence, transformation de l'entreprise publique en société par actions et casse sociale. Ces trois axes sont mauvais. Nous demandons au gouvernement de tirer un trait total sur l'ouverture à la concurrence car c'est un mauvais système. Nous voyons dans le fret ferroviaire l'impact négatif que ça peut avoir, la désorganisation que ça créé, la disparition de la solidarité financière entre lignes rentables et lignes non rentables avec pour effet, la concentration de l'activité sur les lignes ultra-rentables et l'abandon du reste.

La SNCF traîne une dette de 50 milliards d'euros. Si l'État vous annonce bientôt qu'il reprend cette dette ou une partie de cette dette, est-ce que la grève s'arrêtera ?

C'est un des éléments en tout cas. Aujourd'hui l'État ne nous dit pas ça. D'ailleurs, ce n'est pas le contenu de la loi ni de la réforme. L'État renvoie à plus tard, d'ailleurs on a déjà connu ça en 2014. Manuel Valls s'était exprimé devant l'Assemblée nationale pour dire qu'il y aurait un geste du gouvernement et il n'y a jamais rien eu. Concernant la fin de la grève, comme toujours, ce sont les grévistes qui apprécient les propositions gouvernementales, aujourd'hui cette proposition n'est pas sur la table mais la reprise de la dette est une des revendications, donc ce serait une réponse à une revendication en effet. Pour l'instant, le gouvernement est dans un monologue social, il n'y a absolument de dialogue aujourd'hui, le gouvernement est sur la confrontation et c'est lui qui provoque la grève longue si elle a lieu.

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