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L'interview éco. Emmanuel Macron : "Ce ne sont pas des rumeurs. Il avait prévu de démissionner"

Marion L'hour et Frédéric Says, journalistes à Radio France, étaient les invités de Jean Leymarie, vendredi sur franceinfo, pour évoquer la sortie de leur livre, Dans l'enfer de Bercy, une enquête sur le ministère de l'Économie.

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Frédéric Says et Marion L'hour, journaliste à Radio France, sur franceinfo, le 27 janvier 2017. (RADIOFRANCE/ CAPTURE D'ECRAN)

Emmanuel Macron a utilisé "l'argent du ministère [de l'Économie] pour payer des dîners, des réceptions, des déjeuners et pour rencontrer du monde", ont affirmé, vendredi 27 janvier sur franceinfo, Marion L'hour et Frédéric Says. Les journalistes de Radio France publient Dans l'enfer de Bercy, une enquête sur le ministère de l'Économie. Dans cet ouvrage, ils révèlent que l'ancien ministre de l'Économie aurait profité de son passage à Bercy pour préparer sa campagne présidentielle.

"Ce ne sont pas des rumeurs", ont insisté Marion L'Hour et Frédéric Says. Pour appuyer leur dire, les auteurs détaillent avoir eu trois sources confirmant ces informations. Ce sont des "source administrative, politique et des personnes [qu'Emmanuel Macron] recevait."

Au début de l'année 2016, une forte rivalité oppose Manuel Valls et Emmanuel Macron qui a été privé de sa loi Macron 2. "Il décide de jouer son destin personnel", expliquent les journalistes. Le ministre de l'Économie se met alors à rencontrer "des sondeurs, des artistes, des responsables religieux, pour commencer à faire une micro-campagne et faire son réseau."

Le ministre rencontre des gens, "qu'il a recontactés par la suite, comme les gens du label français de la French Tech" à Londres en avril 2016. "Cinq mois plus tard, ils sont recontactés par En Marche ! pour une levée de fonds. Il y a un mélange des genres", relatent les deux journalistes. Si cette pratique n'est pas illégale, elle "entretient la confusion entre le leader de En Marche ! et le ministre qui pensait à sa candidature", précisent Marion L'hour et Frédéric Says.

Plusieurs personnes du ministère se sont confiées aux deux journalistes sur les frais de représentation de l'ancien ministre, leur disant : "On ne sait pas comment il aurait fini l'année s'il n'avait pas démissionné." Ce qui montre "qu'il avait prévu de démissionner", analysent les deux journalistes. Des conseillers de Bercy "ont relu ses discours qu'il allait faire en tant que dirigeant d'En Marche !" dans des meetings, relatent encore nos confrères.

80% de l'enveloppe des frais de représentation, alloués à tout son ministère, ont été utilisés en moins de huit mois

Marion L'Hour et Frédéric Says
journaliste à Radio France

à franceinfo

Le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) est aussi ausculté par les deux journalistes de Radio France. Voulu par François Hollande et mis en place par Emmanuel Macron, le CICE devait aider les entreprises à être plus compétitives, à investir et à embaucher. Il est entré en vigueur le 1er janvier 2013.

Dans leur livre, Marion L'Hour et Frédéric Says révèlent que les contreparties des entreprises au CICE "n'ont pas été envisagées à un seul moment par Bercy", comme ils l'expliquent vendredi sur franceinfo.

La direction des impôts ferme les yeux

Une note de la direction des impôts, la Direction générale des finances publiques (DGFIP), envoyée aux directeurs départementaux, dit : "Ne soyez pas trop zélés sur les contrôles, ne faites pas de redressement lié à l'utilisation du crédit d'impôt pour augmenter les salaires ou prendre des dividendes". Cette note incite les représentants du fisc "à laisser couler", expliquent Marion L'Hour et Frédéric Says.

La raison invoquée est que François Hollande souhaitait que cette mesure emblématique soit tout à fait lisible. Cependant, rien ne permet de flécher l'utilisation de l'argent du CICE. "C'est ce qui était voulu par François Hollande qui se méfiait du reproche d'usine à gaz fait par certains chefs d'entreprise", selon Marion L'Hour et Frédéric Says. L'argent du CICE devait servir au cœur de l'économie des entreprises. "Il fallait être dans une démarche de liberté vis-à-vis des entrepreneurs."

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