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Jean Wemaëre (FFP) : Avec cette réforme de la formation professionnelle, "nous allons vivre un big bang !"

Le président de la Fédération de la formation professionnelle, Jean Wemaëre, était l'invité de "L'interview éco", lundi soir, pour évoquer la réforme de la formation professionnelle présentée par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Jean Wemaëre, président de la Fédération de la formation professionnelle, le 5 mars 2018. (RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

La ministre du Travail Muriel Pénicaud a dévoilé, lundi 5 mars, la réforme de la formation professionnelle. Désormais, chaque salarié verra son compte personnel de formation crédité en euros et non plus en heures et la collecte de fonds sera dorénavant assurée par les Urssaf. "Avec cette réforme, nous allons vivre un big bang", a réagi, lundi soir sur franceinfo, Jean Wemaëre. Selon le fondateur de Demos - un des principaux groupes de formation professionnelle - et président de la Fédération de la formation professionnelle, le fait de créditer le compte personnel de formation en euros restaure une égalité, car "les salariés les mieux payés étaient favorisés par rapport aux autres".

franceinfo : Une nouveauté concrète est l'application qui permettra à chacun de se connecter et de s'inscrire directement à des formations. Est-ce un gadget ?

Jean Wemaëre : Non, j'espère que cela va être une réalité et que l'outil informatique sera à la hauteur des enjeux. Avec les taux de satisfaction, chacun pourra noter les organismes et donner ses commentaires. C'est le chemin d'accès qui était difficile. On le simplifie donc pour que chaque individu suive la formation qui lui sera la plus appropriée, à condition qu'on puisse l'aider à travers des outils de conseil en évolution professionnelle. Je regrette que cet outil indispensable soit aujourd'hui minoré, puisqu'il n'y aura qu'un conseil en évolution professionnelle par région, c'est beaucoup trop peu. Tout le monde devrait pouvoir être accompagné dans le choix de sa formation et être suivi. Mais avec cette réforme, nous allons vivre un big bang. On commence à nous donner des outils pour gérer cette transformation économique et sociale énorme qui va s'imposer à l'ensemble de la population active avec le développement de métiers nouveaux et de compétences nouvelles.

Le Compte personnel de formation (CPF) va évoluer. Aujourd'hui on a le droit à des heures de formation, demain cela sera un crédit en euros. Est-ce une bonne idée ?

Les heures de formation n'avaient pas de sens. Maintenant, la formation est sortie du cadre temporel puisqu'on peut apprendre n'importe où, n'importe quand et n'importe quoi. D'autre part, il y avait une inégalité évidente : les salariés les mieux payés étaient favorisés par rapport aux autres. Là, tout le monde est au même niveau : 500 euros par an et par salarié, 800 euros pour les moins qualifiés et la même chose pour les temps partiels. C'est important, car beaucoup de femmes travaillent à temps partiel. On a restauré l'égalité entre hommes et femmes dans l'accès à la formation et c'est une grande victoire.

Que peut-on avoir comme formation pour 500 euros par an et par salarié ?

Cela reste relativement faible. Mais au bout de trois ans cela fait 1 500 euros. Chez nous, les formations de trois jours coûtent 1 200 ou 1 300 euros. Sachant qu'on peut abonder cette somme avec un co-investissement de l'entreprise. Et nous proposons que l'individu qui abonde lui-même son compte formation puisse bénéficier comme dans beaucoup de pays en Europe d'un crédit d'impôt.

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