Immobilier : "En France, tout le monde veut acheter un appartement et les gens n'y arrivent pas", constate le président du groupe Altarea
"Globalement, la crise de l'immobilier va durer longtemps, mais nous pouvons régler un peu la crise du logement à l'intérieur", affirme Alain Taravella, président fondateur du groupe Altarea, mercredi 5 juin. Altarea a été fondé il y a tout juste 30 ans, c'est aujourd'hui le numéro 2 français des promoteurs immobiliers, un secteur très à la peine. Dans le neuf, les ventes ont été divisées par deux en 2023 et ça ne s'arrange pas depuis le début de l'année 2024. Son groupe promet des logements aux primo-accédants qui sont sans dépôt de garantie, sans apport initial, il détaille cette offre sur franceinfo.
Franceinfo : Nexity, qui est votre grand concurrent, va supprimer 502 emplois. Chez vous pas de plan social ?
Alain Taravella : Nous n'avons pas de plan social. Nous nous adaptons en fonction des départs des personnes et en fonction de la mobilité interne.
Vous faites une proposition aux primo-accédants, candidats malheureux à la propriété, qui sont sans dépôt de garantie, sans apport initial, vous leur promettez : pas de frais de notaire, pas de frais intercalaires, donc pas de remboursement avant d'emménager. Comment fonctionne votre système ?
Il fonctionne très simplement. Nous sommes partis des besoins des clients. D'abord, il y a un paradoxe en France, tout le monde veut acheter un appartement et les gens n'y arrivent pas. Donc, il faut repartir du problème à la base. On partait du terrain, des coûts, moi, je pars de ce que peuvent payer les gens.
"Je suis parti du postulat que, pour devenir propriétaires, le Français pouvaient payer grosso modo le prix d'un loyer."
Alain Taravellasur franceinfo
Et donc, pour le montant d'un loyer, vous devenez propriétaire. Vous n'avez pas d'apport personnel parce que vous ne gagnez pas beaucoup d'argent, vous ne payez pas de frais intercalaires, vous ne payez pas de frais de notaire, tous ces frais qui alourdissent le prix de l'appartement et Cogedim vous propose un appartement. Comment je fais ? Je fais un appartement qui est bien conçu et on réduit tous les coûts, le coût du terrain, le coût de la construction, en gardant la qualité, nos marges, nos frais de fonctionnement. Et nous réussissons.
Les clients sont-ils au rendez-vous ?
Les clients sont au rendez-vous. On a lancé une première opération à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine) où nous avons vendu 100 logements en un mois. C'est quand même pas mal par les temps qui courent. Et on vend à des jeunes, à des familles monoparentales qui n'espéraient même pas pouvoir un jour acheter un appartement. Oui, c'est possible. Il y a aujourd'hui des aides de l'État qui existent, notamment un prêt à taux zéro.
"Nous avons négocié avec nos banques de façon à ce qu'elles fassent des prêts bonifiés."
Alain Taravellasur franceinfo
Le résultat final, c'est que nous bâtissons une offre avec un crédit qui est en moyenne, compte tenu des prêts à taux zéro et des prêts à des taux normaux, à environ 1,50. C'est réservé aux primo-accédants, c'est-à-dire ceux qui achètent un appartement pour la première fois. Et en ce moment, c'est le moment d'acheter, les conditions de crédit pour ces personnes-là sont idéales.
Faut-il un CDI, ou les indépendants, les jeunes en CDD peuvent postuler chez vous ?
C'est basé quand même sur un accord de prêt de la banque. Il faut être capable de payer. En France, il y a une réglementation donc vous gagnez à deux 3 000 euros, un peu plus que deux fois le SMIC, vous pouvez payer 1 000 euros. Bien sûr, il faut avoir la capacité de payer la mensualité, mais c'est ouvert à beaucoup de monde et notamment aux indépendants qui peuvent justifier de leurs revenus. C'est toujours pareil, des banques prêtent à des gens qui sont capables de rembourser.
"Même si les taux sont faibles, il faut être capable de rembourser."
Alain Taravellasur franceinfo
Vous voulez commercialiser environ 1 500 logements de cette manière-là. Qu'escomptez-vous pour votre groupe ? Est-ce une question de survie ?
Non, ce n'est pas du tout une question de survie. C'est une question de continuer notre développement. Vous savez, la vocation d'un groupe comme le nôtre, c'est de loger des Français. Il faut toujours partir des intentions premières : il faut loger les Français et les Français ont besoin de se loger. Donc, il faut être capable de créer le produit qui fonctionne. Et ce produit, tel qu'il est conçu, nous permet de gagner de l'argent. Ce n'est pas une question de survie, c'est une question de développement et de satisfaire nos clients.
La Banque centrale européenne pourrait baisser ses taux directeurs d'un quart de point, ce qui pourrait entraîner une diminution des taux d'emprunt. Est-ce une bonne nouvelle ?
C'est une bonne nouvelle. Il faut relativiser : la BCE a augmenté en six mois ses taux de zéro à 4%. Donc, là, ça baisse de 0,25, tant mieux, ça va suivre, c'est bien. Mais aujourd'hui, notre offre ne dépend pas des décisions de la BCE. Nous avons les moyens aujourd'hui d'offrir des taux bas.
La crise des promoteurs, la crise du logement, commence à être derrière nous ou ce n'est pas fini ?
Je pense que la crise du logement n'est pas derrière nous. Il y a plein de raisons à cette crise et il y a beaucoup de solutions.
"La principale solution, c'est que les taux baissent vraiment pour tout le monde et pas simplement pour les primo-accédants."
Alain Taravellasur franceinfo
Donc, ça va être une crise longue. Pendant cette période de crise longue, il peut y avoir quand même des opportunités pour des gens qui sont dans la cible des prêts à taux zéro, qui est quand même un avantage absolument considérable. Et pour eux, on va pouvoir faire des choses. La crise de l'immobilier va durer longtemps, mais nous pouvons régler un peu la crise du logement à l'intérieur.
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