C’est une première. Deliveroo vient d’être condamné pour travail dissimulé. Le tribunal judiciaire de Paris estime qu’entre 2015 et 2017, la plateforme de livraisons de repas a eu recours à un "habillage juridique fictif" : des travailleurs indépendants n’en avaient que le nom ; ils auraient dû être considérés comme des salariés. Invité éco de franceinfo mardi 19 avril, Gurvan Kristanadjaja, journaliste à Libération et auteur du livre Ubérisation, piège à cons (Robert Laffont), estime que "le modèle" de Deliveroo est "attaqué"."C’est une décision extrêmement symbolique", estime-t-il : "C’est la première fois qu’une plateforme de l’ère Uber est condamnée au pénal (…) Il doit y avoir un débat. Ce modèle-là est remis en question. Est-ce qu’on veut poursuivre ainsi ?" "Une capacité d'adaptation phénoménale" La plateforme conteste sa condamnation et elle envisage de faire appel. A-t-elle changé depuis 2017 ? "Ce qui est fascinant avec les entreprises de l’ubérisation, c’est qu’elles ont une capacité d’adaptation phénoménale. À chaque fois qu’elles ont une contrainte, et puisqu’elles sont soumises à une concurrence énorme, elles vont s’adapter. Et donc, évidemment, Deliveroo a changé ses règles pour qu’elle ne puisse plus être poursuivie sur ces faits-là" répond le journaliste, sans exclure d’autres actions en justice sur des faits plus récents. La question est aussi celle du modèle économique. Celui-ci permet-il le salariat ? "Oui", selon Gurvan Kristanadjaja, "mais c’est la croissance effrénée des entreprises qui ne le permet pas" : "À la base, ces entreprises ne sont pas rentables". Retrouvez l'intégralité de l'interview ici :