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Accompagnement des PME à l'international : "Une révolution culturelle est nécessaire, parce qu'on est dans un monde de chocs", d'après le ministre délégué Olivier Becht

Le plan Étincelle, présenté mardi par Emmanuel Macron et Olivia Grégoire, la ministre des PME, vise à accompagner les PME françaises à l'international. Pour Olivier Becht, ministre chargé du Commerce extérieur, c'est "une révolution culturelle" nécessaire pour rendre nos entreprises plus résilientes face aux crises.
Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Olivier Becht, ministre délégué, chargé du Commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger. (franceinfo)

Il faut que les entreprises grandissent afin d'aller conquérir des marchés à l'international. C'est le souhait du président de la République Emmanuel Macron, qui réunissait 100 entreprises prometteuses mardi 21 novembre à l'Elysée. Olivier Becht, ministre délégué, chargé du Commerce extérieur, de l'Attractivité et des Français de l'étranger, est chargé par le gouvernement d'aider ces PME à se développer à l'international, avec pour objectif de les rendre plus fortes.

franceinfo : Olivier Becht, pourquoi les PME doivent-elles grandir pour se lancer à l'international ?

Olivier Becht : Elles doivent grandir en général pour pouvoir être plus fortes et elles doivent pouvoir aller à l'international pour grandir aussi. C'est une condition. Le plan Étincelle qui a été présenté par le président de la République et la ministre des PME, Olivia Grégoire, vise à accompagner un certain nombre de PME de manière très individualisée pour leur permettre d'atteindre la taille intermédiaire de plus de 250 salariés, qui leur permet justement d'être plus fortes et surtout plus résilientes face aux crises.

Il faut avoir une taille critique pour se lancer à l'export ?

Non, il y a des très petites entreprises qui sont présentes à l'export. En revanche, pour pouvoir grandir, pour atteindre cette taille des entreprises de taille intermédiaire, les PME doivent aller à l'international. Il suffit de regarder les grands groupes français. Qu'est-ce qui leur a permis d'être des grands groupes ? C'est justement cette capacité de se déployer à l'international. Lorsque vous regardez Airbus ou Véolia, champion numéro un au monde en matière d'environnement,Vinci, LVMH, L'Oréal, Alstom ou d'autres grands groupes français, ce sont tous des groupes qui sont allés à l'international.

"On n'a pas les GAFA américains, les fameux Google, Facebook, Amazon, mais on a de très grandes entreprises et des entreprises qui sont championnes du monde dans leur domaine. Et elles l'ont fait grâce à l'international."

Olivier Becht

à franceinfo

Mais on a quand même l'impression qu'il y a une spécificité française, les PME françaises ne représentent que 2% de la valeur des exportations, c'est 9% en Allemagne, 54% en Italie.

Oui, cette spécificité française fait que nos PME se sentent certainement très bien en France, avec un marché local ou un marché national, mais vont très peu à l'international. Je pense, si vous voulez, que la France est un grand marché et qu'elles ont donc la capacité à faire des affaires en restant sur leur marché.

Mais l'Allemagne, c'est un grand marché et l'Italie aussi.

Mon analyse personnelle, c'est que la France est un pays qui a une géographie et un climat assez sympathique qui ont permis une autosuffisance alimentaire. D'autres pays n'ont pas eu cette chance-là et ont été obligés d'importer leur alimentation, leur nourriture. Donc pour importer, il faut bien pouvoir exporter pour échanger quelque chose. 

"Cette culture de l'export, en Italie et en Allemagne, est dans l'ADN des entreprises. On ne se pose même pas la question : vous êtes une entreprise, vous allez à l'international. En France, ce n'est pas le cas, ça doit changer."

Olivier Becht

à franceinfo

C'est une révolution culturelle. Pourquoi ? Parce qu'on est dans un monde de chocs. Et dans ce monde de chocs, vous ne pouvez pas dépendre que d'un seul marché. C'est mettre tous ces œufs dans le même panier. Donc il est impératif d'aller à l'international pour diversifier les risques.

Vous avez lancé un plan que vous avez baptisé "Osez l'export", qui est doté de 125 millions d'euros de budget. Comment ça se traduit concrètement cette aide aux PME pour se lancer à l'international ?

Concrètement, nous avons un certain nombre d'aides, qui d'ailleurs existaient déjà pour ce qui est de l'assurance export. Il y a des garanties publiques pour aller à l'international. Nous ajoutons un outil extrêmement important, c'est le volontaire territorial à l'export (VTE). Nous mettons, dans les PME qui le souhaitent, un jeune qualifié pris en charge à 50% par l'État, qui va accompagner l'entreprise dans sa stratégie export, qui va aller voir quels sont les marchés que l'on peut conquérir et surtout organiser l'entreprise pour aller à l'international. C'est financé jusqu'à 12 000 euros, à moitié par l'État.

"Les chefs d'entreprise disent souvent qu'ils ont un peu le nez dans le guidon, qu'ils sont au four et au moulin, qu'ils n'ont pas le temps de penser la stratégie internationale. Donc le gouvernement crée le VTE."

Olivier Becht

à franceinfo

Ce VTE viendra compléter le volontaire international à l'étranger (VIE) qui, lui, va aller prospecter sur les marchés à l'international pour le compte de l'entreprise. Mais ça, c'est l'étape numéro deux. Il faut déjà que l'entreprise veuille aller à l'international et qu'elle s'organise.

Vous avez aussi besoin des PME pour redresser cette balance commerciale, qui est dans le rouge depuis 20 ans, 54 milliards d'euros de déficit depuis le début de l'année.

C'est une nécessité pour tout le monde, pour l'entreprise, pour résister aux chocs que nous vivons. Et c'est une nécessité pour la nation de ne pas s'appauvrir.

"Lorsqu'on importe davantage que l'on exporte, c'est la nation tout entière qui s'appauvrit. Donc effectivement, c'est une grande cause nationale que de faire en sorte que nous redevenions ce que nous étions par le passé, une grande puissance commerciale."

Olivier Becht

à franceinfo

Si c'est une chance pour la France d'avoir de grands groupes, c'est aussi notre tâche d'emmener aujourd'hui les PME avec nous à l'international. C'est ce que je fais, j'ai déjà parcouru 55 pays depuis un an et demi que j'ai été nommé. Et j'emmène avec moi, dans tous mes déplacements, des délégations de PME pour faire en sorte qu'elles puissent avoir également cet accès à l'international, pouvoir négocier leurs contrats dans les pays et ainsi asseoir également leur prospérité en France. Parce que quand nous exportons, cela crée de l'emploi en France, dans les territoires, et c'est bon évidemment pour l'économie française.

Demain, vous entamez une tournée en Afrique subsaharienne. La France est toujours présente en Afrique ?

Alors la France est non seulement encore présente en Afrique, mais elle est plus que jamais présente en Afrique. Lorsque l'on entend certains dire que la France est en déclin ou même chassée d'Afrique, en réalité ce n'est pas le cas. Certains effectivement manipulent l'information, pour faire croire que la France n'est plus désirée. Lorsque l'on regarde les chiffres, on a deux fois plus d'entreprises françaises aujourd'hui en Afrique qu'il y a dix ans, et trois fois plus d'investissements directs français. Donc oui, les produits français continuent à faire rêver en Afrique, ils sont attendus. Les entreprises françaises sont attendues en Afrique, c'est le continent de la croissance du XXIᵉ siècle. Il y a énormément d'opportunités et je souhaite effectivement que les entreprises françaises puissent aller sur les marchés africains. Je suis là pour les aider et pour les accompagner.

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