Sofia et André Oliveira, deux ados portugais à l’origine de la plainte contre 33 pays pour inaction climatique
Avec quatre autres adolescents portugais, ils ont déposé en septembre une plainte devant la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) contre une trentaine d’Etats, dont la France, pour non-respect de l’accord de Paris sur le climat. Une plainte que la Cour juge "recevable", ouvrant la voie à un procès sans précédent en matière d’environnement.
Sofia Oliveira, 15 ans et son frère André, 12 ans, résident à Lisbonne. Ils se battent, avec quatre autres jeunes Portugais, pour leur futur, pour que les décennies à venir soient vivables. Après trois mois d’attente, la plainte qu’ils ont déposée devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme en septembre contre une trentaine de pays, dont la France, a été jugée "recevable". En conséquence, la Cour donne aux nations accusées jusqu’au 23 février pour prouver que, non, elles ne rechignent pas à appliquer l’accord de Paris et que non, elles ne sont pas en train de sacrifier l’avenir de toute une génération. Pour ces adolescents, c’est bien ce qui en train de se passer.
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— Global Legal Action Network (@GLAN_LAW) December 1, 2020
The European Court of Human Rights has just fast-tracked a climate case brought by 6 young people from Portugal. Few cases filed with Court get this far!
This crowdfund will help us take on arguments from 33 states & their lawyers https://t.co/8ehsB6Eb66 pic.twitter.com/uk92CaXPsn
C’est vrai qu’aujourd’hui, en plein mois de décembre, alors que la France frissonne, on l’aurait presque oublié mais chaque été, nous suffoquons. Les périodes de sécheresse sont de plus en plus longues, les épisodes caniculaires se multiplient, les incendies aussi, les morts parfois. C’est ce qu’ont constaté, impuissants, Sofia et son petit frère depuis leur appartement de Lisbonne durant l’été 2017 : un record de chaleur, plus de 44 degrés, des incendies gigantesques et 120 personnes décédées.
L'aide des réseaux sociaux
Même catastrophe l’année suivante, puis celle d’après et cette année encore où le mois de juillet a été le plus chaud depuis 90 ans. "Ça nous a angoissé", explique André. "Mais ça a été le déclic. Si nous subissons déjà ces situations extrêmes en 2020", ajoute Sofia au journal The Guardian, "à quoi ressemblera notre avenir ? C’est pour ça qu’on s’est dit qu’on devait faire quelque chose, quelque chose qui marque les esprits", s'interroge-t-elle.
Pour trouver ce quelque chose, ils ont commencé par formuler leurs questions : pourquoi ne se passe-t-il rien ? Pourquoi les Etats semblent-ils inactifs ? Est-ce que tout cela ne serait pas une atteinte aux droits élémentaires de tous : avoir de l’eau et pouvoir respirer ? Grâce aux réseaux sociaux, ils ont pu contacter d’autres jeunes et monter un dossier de plainte pour la Cour Européenne des Droits de l’Homme.
Certains seront sceptiques, méfiants : quand même, ne seraient-ils pas un peu influencés par leurs parents ? Les adolescents, eux répondent aux critiques. Ils estiment que se focaliser sur cette question, c’est refuser d’entendre leurs voix d’enfants, leurs angoisses, leurs préoccupations. Les prendre au sérieux, c’est donc ce que fait la Cour européenne des droits de l’homme. Franchement, il est temps.
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