Minakshi Singh, patronne du meilleur bar de toute l’Inde, et une des très rares barmaids du pays
Jusqu’en 2010, à New Delhi, une ancienne loi datant de l’époque coloniale interdisait encore aux femmes de tenir des débits de boissons. Après l’abolition du texte, Minakshi Singh est l’une des très rares femmes à avoir osé ouvrir un établissement.
En Inde, depuis quelques semaines, les bars, cafés et restaurants ont rouvert progressivement dans la plupart des villes. C’est le cas du Sidecar, à New Delhi, établissement très en vue et fondé il y a deux ans par Minakshi Singh. Cela peut paraître banal ici, en France, qu’une femme soit à la tête d’un bar, mais là-bas, c’était encore interdit il y a peu. Une vieille loi coloniale datant de l’empire britannique, en vigueur jusqu’en 2010, interdisait aux femmes le commerce de l’alcool.
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Dix ans plus tard, même si c’est autorisé, très peu d’Indiennes ont franchi le pas. Question d’image, question d’absence de modèle aussi. Un modèle que la trentenaire Minakshi Singh ambitionne d’être pour des millions d’entrepreneuses en devenir. Elle aussi a eu du mal à convaincre, ses proches, ses parents. En 2003, elle suit une formation en management hôtelier. Lors de ses stages, ce ne sont pas les bureaux de la direction qui l’attirent, mais le bar. L’ambiance, la musique, l’endroit où l’on se détend, on échange, on regarde le barman jongler : c’est ça qu’elle veut faire. Elle parvient donc à trouver un patron qui accepte de la prendre comme barmaid, payée au pourboire, quelques soirs par semaine. "C’est comme ça que j’ai appris tous les cocktails, dit-elle, l’art de mélanger, d’assortir, je trouvais ça passionnant, ça et le fait de discuter au comptoir, de rencontrer des gens."
À chaque fois qu’on se retrouve dans un endroit où l’on ne voit que des hommes, on doit s’interroger : pourquoi n’y a-t-il pas de femmes ? Il faut parler, rendre cela visible, et peu importe si ça met les gens mal à l’aise, c’est comme ça qu’on avancera.
Minakshi Singh, patronne du Sidecarà CNN
Minakshi Singh obtient donc son diplôme en management, mais passe outre l’avis parental et reste derrière le zinc. Jusqu'en 2012, après le changement de législation, où elle ouvre son premier établissement. Puis un deuxième, il y a deux ans : succès fulgurant. Meilleur bar de toute l’Inde, mais aussi seul bar indien du Top 50 asiatique, et même du Top 100 mondial.
Mais ce ne sont pas les titres qui l’intéressent. Elle milite surtout pour que les Indiennes s’émancipent, qu’elles sortent de l’ombre : "À chaque fois qu’on se retrouve dans un endroit où l’on ne voit que des hommes, dit-elle à CNN, on doit s’interroger : pourquoi n’y a-t-il pas de femmes ? Il faut parler, rendre les inégalités, le cloisonnement visibles, et peu importe si ça met les gens mal à l’aise, c’est comme ça qu’on avancera." C’est comme ça qu’elle a avancé. Un discours ne vaut pas que pour l’Inde, et pas que pour les bars. Alors cheers à Minakshi Singh !
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