En pleine mousson, une adolescente indienne se rend au lycée en barque et devient un symbole de résilience
La montée des eaux a totalement isolé son village du reste du monde, mais Sandhya, qui a déjà raté les cours l’année dernière à cause des confinements, refuse de rester coincée chez elle une nouvelle fois.
Elle n’a pas de compte TikTok, Instagram, ou Twitter, elle n’a tout simplement pas de téléphone, et c’est entre autres ce qui l’amène à avoir son portrait dans la presse indienne. Elle s’appelle Sandhya Sahani, elle a quinze ans et vit dans l’Uttar Pradesh, une région qui, comme tout le nord de l'Inde, subit en ce moment une période de mousson assez intense. À cause des pluies, son village s’est retrouvé totalement isolé, toutes routes coupées. Mais, malgré les inondations, malgré les pluies torrentielles, cette adolescente se bat pour pouvoir se rendre à l’école. Et elle le fait en barque. C’est ce qui a ému ses professeurs et ses camarades, puis ses voisins qui ont posté sa photo sur les réseaux sociaux : on la voit en robe bleue, accroupie dans une petite embarcation, son cartable à côté d’elle, en train de ramer avec une pagaie au milieu des rues inondées, pour rallier son lycée.
Gorakhpur | Undeterred by floods, class 11 student Sandhya Sahani rows a boat daily to reach her school in Bahrampur.
— ANI UP (@ANINewsUP) September 5, 2021
"I couldn't take online classes as I didn't have smartphone. When schools reopened, floods hit the area so I decided to reach school by a boat," says Sahani pic.twitter.com/yJzLvcM384
À l’agence de presse ANI qui l’a retrouvée, elle explique qu’elle ne veut plus rater les cours, que maintenant que les écoles ont rouvert après avoir longtemps été fermées pendant l’épidémie de Covid-19, elle refuse de rester une nouvelle fois coincée chez elle. "Je n’ai pas de smartphone ni d’ordinateur pour suivre les cours à distance, explique-t-elle de sa voix timide, donc j’ai décidé d’aller à l’école en bateau. Bien sûr, avec le courant, j’ai un peu peur mais étudier est ma priorité." Car elle entend bien aller plus tard à l’université. Sandhya cite ses modèles, les femmes qui l’inspirent, d’Indira Ghandi à la poétesse Sarojini Naidu qui avait milité pour l’indépendance de l’Inde au côté du Mahatma Ghandi.
"Exemple inspirant" et "symbole de résilience"
Sur les réseaux sociaux, nombre d’internautes ont salué son courage et sa détermination. Et puis les politiciens se sont emparés de son image, les membres de la majorité blâmant une météo déplorable, ceux de l’opposition pointant plutôt le piètre budget accordé à l’éducation par le gouvernement de Narendra Modi. À la fin, Sandhya et son cartable ne s’appartiennent plus vraiment. Cette semaine, son histoire était sur tous les sites d’infos en ligne, elle a eu droit à une pleine page dans le Hindustan Times et à plusieurs reportages à la télé qui la présentent comme "un authentique symbole de résilience", "un exemple inspirant". Tout cela ne nous dit pas si elle aura les moyens de poursuivre ses études. Cela nous rappelle aussi que des millions de jeunes veulent apprendre, même quand tout s’y oppose, surtout peut-être quand tout s’y oppose.
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