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Covid-19 : aux États-Unis, des mères de familles se retrouvent pour crier ensemble et évacuer le stress de la pandémie

Sarah Harmon a organisé sa première session de "cri groupé" à Boston, en mars 2021. Dix mois plus tard, l'initiative jusqu'ici confidentielle est devenue une curiosité médiatique, inspirant dans la foulée d'autres mamans, épuisées par les contraintes liées au Covid qui se s'ajoutent à celles qu'elles devaient déjà gérer. 

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des femmes se retrouvent pour crier sur un terrain de sports à Boston (États-Unis), sur le site du New York Times (CAPTURE D'ÉCRAN)

Elles sont à bout de nerfs, épuisées par deux ans de confinements, d’école à faire à la maison, de solitude, d’isolement, d’invisibilité... Et elles se retrouvent pour crier ensemble et évacuer le stress.

Toutes ont des enfants, un partenaire distant ou inexistant, un travail, des courses à gérer, le ménage, la cuisine, la vaisselle, les devoirs du petit dernier, autant de charges démultipliées par la pandémie. Et c’est ce qui a poussé Sarah Harmon, habitante de Boston, à lancer la première session de cri collectif, il y a dix mois.

Sarah Harmon est à la fois mère de deux petites filles et psychothérapeute. Depuis deux ans, elle jongle avec les contraintes liées à la lutte contre le Covid, mais elle a surtout réalisé qu’elle n’était pas la seule maman à bout de force.

En mars dernier, elle décide donc de proposer à celles qui le souhaitent de se retrouver pour crier ensemble, et évacuer les tensions. Pour respecter les gestes barrières, le rendez-vous est fixé en plein air, sur un terrain de foot, le soir, après le coucher des enfants. Douze mères répondent à l’appel, et, dans le froid et la nuit, se postent à deux mètres de distance les unes des autres, inspirent et crient. Un cri venu des tripes, groupé, répété une bonne dizaine de fois, et suivi par un silence de soulagement.

La séance est apaisante, alors le groupe décide de se retrouver régulièrement. Jusqu’à la semaine dernière, où la page Facebook créée par Sarah Harmon a été repérée, attirant le jour J, les journalistes du Boston Globe et de la radio NPR. Le lendemain, la scène est diffusée, inspirant immédiatement d’autres initiatives, de la part d’autres femmes, dans d’autres villes, d’Anchorage en Alaska à la Nouvelle-Orléans en Louisiane.

"Cette initiative parle à beaucoup de personnes parce que beaucoup de personnes ne se sentent ni entendues, ni même vues, résume Sarah Harmon à la chaîne MSNBC, ce que propose le cri, c’est de normaliser une émotion tabou. On n’a pas le droit d’être en colère, ni de ressentir de la frustration, pourtant, ça arrive alors dans ces cas-là, on intériorise, et on finit par en souffrir. Or la colère, c’est sain, en tout cas ça l’est quand on la canalise."

Bien sûr, crier ne résout pas le problème, mais l’opération a le mérite de le rendre visible, audible, d’interpeller la société entière et de créer par endroits ce qui peut grandement aider : la solidarité.

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