Yves Jégo : pour une méthode à droite et adroite
La majorité de gauche se montre de moins en moins
disciplinée, l'UMP cultive son penchant pour la guerre des chefs. Et si c'était
l'heure du centre ? C'est en tout cas le pari du président de l'UDI par
intérim. Yves Jego est l'invité de Questions d'info ce soir, sur La
Chaine parlementaire, avec l'AFP, le Monde et France Info. La nomination de Manuel Valls n'a pas seulement provoqué le départ
des Verts du gouvernement, elle a aussi fait bouger les Centristes. A
l'Assemblée, pour la première fois, ils se sont abstenus lors d'un vote de
soutien au gouvernement sur les 50 milliards d'économie.
Yves Jego s'en explique. Il s'agit, pour le Centre,
d'incarner une autre forme d'opposition. Toujours à droite, mais pas
obstinément opposée. "L'UDI a une marque de fabrique. C'est laquelle ?
C'est que nous sommes dans l'opposition, nous sommes le centre droit.
L'abstention, ce n'est plus vraiment une opposition.
Nous ne sommes pas le centre maladroit, mais le centre
droit, nous savons où nous sommes, mais que cette opposition se veut
responsable, nous sommes dans une logique de coalition claire, mais nous sommes
indépendants. L'UDI n'est dirigée ni par monsieur Sarkozy, ni même par monsieur
Copé, ni par monsieur Bayrou."
La réforme territoriale oui mais avec une méthode
Application concrète dans la foulée. Quand le gouvernement
propose de réorganiser les régions, et de supprimer les départements, Yves Jego
ne dit pas non. Il propose une méthode.
"Nous sommes prêts, nous les Centristes à l'UDI, à
accompagner le gouvernement sur une simplification territoriale, pour peu
qu'ils mettent autour de la table tous les acteurs, tous les partenaires
territoriaux, et qu'ils nous fixent un agenda cohérent, visible, compréhensible
par les Français. Le pays attend, le pays n'en peut plus de nos marquages
politiques à la culotte et du principe de s'opposer pour s'opposer. Donc il
faut apporter de temps en temps des réponses qui soient cohérentes avec ce
qu'on a toujours dit."
Et ce que le Centre a toujours dit et toujours défendu,
c'est l'idée européenne. Et là réside une opportunité pour les Démocrates et
Indépendants de l'UDI d'Yves Jego, tant l'UMP paraît embarrassée par ses
contradictions internes. On a même vu un ancien conseiller de Nicolas Sarkozy,
Henri Guaino, assurer qu'il ne voterait pas pour la liste UMP le 25 mai.
"Moi je n'ai pas envie de laisser les enfants du facisme détruire l'Europe"
Yves Jego saute sur l'occasion. "Quand vous êtes dans
un parti, et que la moitié du parti veut aller à hue, et que l'autre partie
veut aller à dia, vous n'allez nulle part. Je leur dis :
"Réveillez-vous ", je leur dis : "Sortez de vos
logiques d'écurie présidentielle pour ne faire de l'élection du 25 mai que le
premier tour de 2017", De temps en temps, il faut savoir dans une élection
dire des choses claires. Je trouve que les pro-Européens de l'UMP sont étouffés
par les souverainistes qui ont gagné des parts de marché
incroyables."
Il n'y a pas que les souverainistes de l'UMP qui aient gagné
des parts de marché, Marine Le Pen également, engrange des intentions de vote.
D'où ce programme, en forme de cri du cœur d'Yves Jego, président par intérim
de l'UDI.
"L'Europe s'est construite sur quoi ? Elle s'est
construite sur les ruines du fascisme. Moi, je n'ai pas envie de laisser les
enfants du fascisme détruire l'Europe. Les enfants du fascisme. Marine Le Pen,
c'est une enfant du fascisme ? Vous m'avez bien entendu. C'est ce qu'il
faut comprendre."
"Il faut que les Français se lèvent pour aller dire : l'Europe c'est notre avenir"
"Oui, il y a une volonté de détruire ce qu'ont
construit nos pères. On va célébrer le 8 mai, on va aller dans les cimetières
militaires, on va rendre hommage à ceux qui ont donné leur vie pour construire
un continent de paix, qui a permis à nos enfants la paix et la prospérité, et
d'un seul coup parce qu'on n'est pas capable de réformer la France, parce qu'il
y a le populisme qui aboie aux pieds de la statue de Jeanne d'Arc, on va aller
détruire l'Europe ? Mais qu'est-ce que c'est cette vision ? Il faut
réveiller la France, il faut que les Français se lèvent pour aller dire :
l'Europe c'est notre avenir, face à la Chine, face aux États-Unis, il n'y a
rien d'autre qui compte."
Et Yves Jego continue de réclamer un face à face médiatisé
avec la présidente du Front National.
L'intégralité de l'interview d'Yves Jego est à retrouver à
20h35 sur la Chaîne parlementaire, dès maintenant sur franceinfo.fr, avec l'AFP
et le Monde.
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