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Édito
Sous pression après l’attaque terroriste à Paris et le drame de Crépol, la Première ministre rouvre encore une fois le chantier de la sécurité

"S'il le faut, on ira encore plus loin" pour protéger les Français, affirme Élisabeth Borne dans une interview au Figaro.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La Première ministre Élisabeth Borne, le 4 décembre 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Enfermer plus longtemps les terroristes, même après la fin de leur peine, et sanctionner plus sévèrement les jeunes délinquants, telles sont les deux principales pistes que la Première ministre Élisabeth Borne esquisse dans un entretien au Figaro jeudi 7 décembre [article payant], après l’attentat islamiste du pont de Bir-Hakeim à Paris et le meurtre du jeune Thomas à Crépol. Pas d’engagement précis, mais "toutes les propositions peuvent être sur la table", assure-t-elle à propos de la rétention de sûreté qu’Éric Ciotti et Marine Le Pen veulent renforcer pour les détenus radicalisés libérables. Côté délinquance, Élisabeth Borne promet un texte sur la justice des mineurs en début d’année pour "mieux responsabiliser les parents" et avoir des "sanctions plus adaptées et plus sévères pour les jeunes".
 
Un drame, une nouvelle loi… On connaît cette mécanique en vigueur depuis de longues années en matière de sécurité. C’est le danger que court Élisabeth Borne, donner l’impression de réagir plutôt que d’agir, apparaître à la remorque des attentats ou des faits divers qui endeuillent l’actualité. L’autre risque, c’est de sembler courir derrière la droite, par exemple, sur la rétention de sûreté qu’Éric Ciotti veut étendre aux radicalisés jugés dangereux, avant même qu’ils soient passés à l’acte, c’est-à-dire à la plupart des fichés S, ou sur la convention qui lie la France et l’Algérie sur l’immigration, un texte qu’Élisabeth Borne veut renégocier au moment où LR souhaite sa suppression. C’est donc une prise de parole risquée, mais moins que le silence.

Rappeler qui est la cheffe

D’abord parce qu’au vu du parcours du terroriste de Bir-Hakeim, qui a déjoué la surveillance dont il était l’objet, Élisabeth Borne doit défendre l’action antiterroriste du  gouvernement, et assumer de vouloir la passer en revue pour la renforcer. Elle doit aussi rassurer la France rurale éprouvée par le drame de Crépol, montrer que le gouvernement n’est pas inactif, par exemple, en rappelant l’annonce de la création de 239 brigades de gendarmerie. Et puis cette prise de parole a aussi une vocation politique interne à la majorité. Au moment où tant de ministres ambitieux s’activent et semblent déjà tournés vers 2027 et l’après-Macron, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire ou Gabriel Attal, Élisabeth Borne leur rappelle qui reste la cheffe du gouvernement. Façon d’assurer sa propre sécurité, à Matignon.

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