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Régionales : l'autre problème de Marine Le Pen

Séquence délicate pour la présidente du Front national, confrontée à des choix impossibles : faut-il ou non sanctionner son père, président d'honneur du parti, mais aussi fossoyeur de la dé-diabolisation qu'elle veut mener à bien ? Et puis doit-elle ou non se présenter comme tête de liste aux régionales dans le Nord - Pas-de-Calais - Picardie en décembre ? Marine Le Pen hésite.
Article rédigé par Louise Bodet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Louise Bodet © Radio - France Christophe Abramowitz)

Sa décision était annoncée pour ce matin, à l'occasion d'un bureau politique chargé d'investir les têtes de liste aux élections régionales. Finalement ce sera... pour plus tard. La présidente du FN s'en est expliquée hier au "Grand rendez-vous" Europe1 / Le Monde / iTELE : "C'est un choix difficile que je prendrai en ayant pesé tous les éléments ". Autrement dit, elle ne s'est pas encore décidée, et ne se fixe aucune échéance.

Rien à voir, bien sûr, avec la peur de perdre : "Je n'ai peur de rien , dit-elle, et surtout pas de perdre dans cette région où les électeurs en ont soupé des socialistes !" La raison officielle de son hésitation réside dans un problème de calendrier. Selon elle, "diriger cette région fusionnée " va "nécessiter un investissement absolument total ", d'autant que "des décennies de gestion socialiste ont effondré cette région ". Difficile, autrement dit, d'être présidente du Nord  - Pas-de-Calais -  Picardie tout en visant l'Elysée.

Ojectif numéro 1 : l'Elysée

Or la présidentielle reste son objectif numéro 1, et c'est sur cette échéance-là qu'elle pourrait choisir de concentrer ses forces. D'autant qu'en cas de défaite dans le Nord en décembre, il sera difficile de repartir à la bataille avec une confiance intacte.. surtout si, plus au sud, une autre le Pen s'en sort mieux. Car en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, c'est Marion Maréchal Le Pen qui va briguer la tête du conseil régional,  avec de sérieux espoirs de victoire, un peu plus d'ailleurs que dans le Nord-Pas-de-Calais -  Picardie. En d'autres termes, si la nièce gagne, et que la tante perd, la première pourrait sérieusement faire de l'ombre à la seconde, comme en 2012, rappelez-vous. Cette année-là, Marine le Pen se présentait, et échouait, dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, tandis que sa nièce se présentait, et gagnait, dans le Vaucluse.

Il n'y a donc pas de bon choix pour Marine Le Pen : y aller, c'est risquer de perdre,  à moins de 18 mois de la présidentielle  et risquer du même coup de se fragiliser en interne. Ne pas y aller, c'est renoncer dans une région gagnable, pas facile à défendre auprès des militants et des sympathisants.

Jean-Marie Le Pen, patriarche omniprésent

Et cette épine-là, c'est encore un cadeau du patriarche : Jean-marie Le Pen a abandonné la candidature en PACA au profit de sa petite fille. Jean-Marie Le Pen, acculé à l'abandon mais qui en a profité pour adouber Marion. Un patriarche omniprésent dans le paysage. Dans son manteau rouge vif, on n'a vu que lui sur la scène installée devant la statut de Jeanne d'Arc vendredi dernier et les images de sa quasi conférence de presse improvisée dans sa voiture tout à l'heure à la sortie du bureau exécutif tourne en boucle sur les chaînes d'info.

Jean-Marie le Pen, qui souffle le chauf et le froid, se disant "désavoué" et séchant la réunion de ce soir  tout en assurant qu'il "continuera bien sûr" à soutenir Marine Le Pen, en "bon militant" qu'il est. Une chose est sûre, il n'y a, là encore, aucune bonne option pour Marine Le Pen : quelle que soit la décision du bureau exécutif ce soir, "On ne peut museler Jean-Marie Le Pen, ni dedans, ni dehors " comme l'observait ce matin Louis Aliot, vice président du FN, et gendre du patriarche.

 

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