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Réforme des retraites : ce que cache le silence de Marine Le Pen

Hostile au projet de réforme des retraites, Marine Le Pen est pourtant très discrète depuis le début du mouvement de contestation. S’agit-il d’un choix délibéré ? L'édito politique de Renaud Dély.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Marine Le Pen, présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national (RN),  quitte l'hôtel Matignon à Paris, le 15 décembre 2022. Photo d'illustration. (ALAIN JOCARD / AFP)

Officiellement, il s’agirait d’une tactique savamment réfléchie, avec l’ambition d’incarner une opposition responsable, loin du tumulte de la rue. Sauf que c’est faux. Cette absence, c’est un double aveu, d’impuissance et de malaise. Si Marine Le Pen n’a pas défilé mardi 31 janvier, c’est parce qu’elle n’était pas la bienvenue. Tous les syndicats avaient fait connaître leur hostilité à la présence du RN dans les cortèges, un signe de plus que sa stratégie de banalisation est toujours inachevée.

>> Réforme des retraites : Marine Le Pen dénoncent les syndicats qui "défendent leurs intérêts propres et pas l’intérêt des Français"

Quand les syndicats parviennent à mobiliser autant de monde, il est gênant que celle qui se grime en porte-parole de la colère populaire soit jugée infréquentable. Et puis, le RN est tout aussi discret à l’Assemblée. En commission des Finances, ce n’est pas lui qui porte le fer contre le gouvernement, c’est la Nupes. Et pour cela, il y a une raison simple : sur les retraites, Marine Le Pen ne sait plus trop où elle en est.

En pleine campagne présidentielle, elle a abandonné sa promesse de retour à la retraite à 60 ans pour tous pour la réserver à ceux qui ont commencé à travailler tôt, entre 17 et 20 ans. Pour tous les autres, la retraite à taux plein ne serait accessible qu’entre 62 et 67 ans, au bout de 42 ou 43 annuités. Un revirement que le RN a justifié par la nécessité de… faire des efforts pour financer le système par répartition. Ce que dit aujourd’hui le gouvernement pour justifier sa propre réforme.

Le RN peut-il profiter de la mobilisation ?

Et puis au fond, le logiciel idéologique du RN n’est pas social, il reste identitaire. A ses yeux, en toute matière, le vrai clivage oppose les Français et les étrangers. Le principe discriminatoire de «préférence nationale » irrigue donc son programme, un principe encore plus inepte en matière de système retraites à cause du vieillissement démographique...

Alors, reste une question : Marine Le Pen peut-elle profiter du mécontentement dans les urnes ? C’est ce qu’elle espère et c’est le danger agité par l’exécutif. Mais cela n’a rien d’évident. On l’a vu lors des trois législatives partielles du week-end dernier, marquées certes par une forte abstention, mais aussi par une progression de la Nupes, une bonne résistance de la majorité, et un repli du RN qui a perdu un siège dans la Marne et reculé de 10 points dans le Pas-de-Calais, terre d’élection de Marine Le Pen.

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