Présidentielle : la difficile campagne de Yannick Jadot
La cause environnementale mobilise l’opinion, on parle d’une "génération climat" dans la jeunesse et pourtant le candidat Vert, Yannick Jadot, est à la peine.
Sacré paradoxe. L’urgence climatique figure parmi les premières préoccupations des Français, derrière le pouvoir d’achat et la guerre en Ukraine ; les rapports alarmistes du Giec se succèdent, tout le monde ou presque se prétend écolo, et au terme d’une campagne qui n’a jamais décollé, Yannick Jadot est estimé à 6 % d’intentions de vote dans la dernière enquête Ipsos-Sopra Steria pour franceinfo et Le Parisien-Aujourd'hui en France. C’est moitié moins qu’il y a six mois, au lendemain de sa victoire à la primaire des Verts.
Si Yannick Jadot est si bas, c’est d’abord justement parce que les Verts n’ont plus le monopole de l’écologie. Elle est partout. En tous cas, ses concurrents de gauche et Emmanuel Macron s’en revendiquent eux aussi. Mais ces difficultés sont aussi liées au candidat Jadot lui-même : il a mené une campagne poussive. Yannick Jadot a voulu faire sérieux, il a mis une cravate pour passer à la télé, il s’est mis à parler des sujets régaliens. Mais il a eu du mal à susciter de l’enthousiasme. Il est apparu un peu fade, sans grand charisme. Un peu comme en 2017 d’ailleurs : à l’époque, il avait dégringolé dans les sondages avant de se retirer au profit de Benoît Hamon. Et comme disent les défenseurs de la biodiversité, "on ne change pas les rayures du zèbre".
Yannick Jadot n’a pas été servi par les Verts eux-mêmes. Le candidat a été plombé par leurs sempiternelles divisions. L’écoféministe Sandrine Rousseau avait recueilli 49 % lors du vote interne, sur une ligne beaucoup plus radicale, et elle n’a cessé de "jouer perso" et de faire entendre sa différence, jusqu’à être virée de son poste de porte-parole.
La présidentielle, une élection difficile pour les Verts
C’est même la pire. Par culture politique, les écologistes sont rétifs à toute forme de personnalisation du pouvoir et à l’incarnation élyséenne. Ils n’ont jamais obtenu plus que les 5,2% des voix de Noël Mamère il y a vingt ans. Il n’est pas exclu que Yannick Jadot fasse un peu mieux. Sauf s’il était essoré dans les derniers jours par le phénomène dit du "vote utile", peut-être au profit de Jean-Luc Mélenchon.
Encore qu’il y a désormais un gouffre entre eux depuis le début de la guerre en Ukraine : Yannick Jadot ne cesse de fustiger la longue complicité du leader insoumis avec Vladimir Poutine. Et c’est peut-être en direction du vote Macron qu’il pourrait perdre des plumes en fin de parcours, tant le chef de l'État est désormais menacé par la candidate d’extrême droite Marine Le Pen, qui pourrait bien déboucher en tête du premier tour dimanche soir.
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