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Présidentielle 2022 : Éric Zemmour et la difficile relance d'une campagne plombée par la guerre en Ukraine

À trois semaines de la présidentielle, le candidat de Reconquête!, en difficulté dans les sondages, veut faire feu de tout bois cette semaine pour essayer de se relancer. L'édito politique de Renaud Dély.

Article rédigé par franceinfo - Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Eric Zemmour, candidat de Reconquête à l'élection présidentielle, en meeting à Metz (Moselle) le 18 mars 2022 (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

C’est la semaine de la dernière chance pour le candidat d’extrême droite Éric Zemmour. Au programme : des dizaines de réunions publiques de ses soutiens un peu partout dans le pays, un tract imprimé à plus de 4 millions d’exemplaires, et puis en point d’orgue, dimanche prochain, un grand meeting place du Trocadéro à Paris.

Le Trocadéro, un lieu symbolique à droite : Nicolas Sarkozy y avait rassemblé ses soutiens en 2012. On se souvient du meeting de François Fillon en 2017. Cerné par les juges, lâché par une partie des siens, c’est là que l’ancien Premier ministre avait clamé, sous les averses, qu’il ne se retirerait pas. Depuis, on parle carrément de "droite Trocadéro". Un héritage que veut empocher Eric Zemmour. Avec ce paradoxe que le Trocadéro, pour la droite, ce n’est pas Austerlitz, c’est plutôt Waterloo. C’est un lieu synonyme de défaite électorale.

Le candidat Zemmour peut-il renverser la situation ?

Cela va être compliqué, très compliqué. En baisse dans les sondages depuis trois semaines, relégué à la quatrième place autour de 11% des intentions de vote, Eric Zemmour paye sa "poutinophilie", lui qui rêvait d’un "Poutine français". Mais pas seulement.

Après tout, d’autres candidats pro-Poutine jusqu’au début de la guerre en Ukraine, comme Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, s’en tirent bien mieux. Le vrai problème de Zemmour, c’est qu’il est resté un "candidat mono-produit". Il a beau avoir essayé de se doter d’un programme complet, il ne suscite d’intérêt dans l’opinion que quand il aborde les angoisses identitaires. Quand il balance des prophéties apocalyptiques sur la disparition de la France ou qu’il brandit le concept complotiste de "grand remplacement". Mais quand d’autres urgences submergent la campagne, une guerre en Europe ou la question sociale et les inquiétudes en matière de pouvoir d’achat, le candidat Zemmour devient inaudible…

Ses dernières prestations télévisées n’ont-elles pas convaincu ?

Non, on l’a vu en difficulté lors de son débat face à Valérie Pécresse, malmené par la candidate de LR, et puis il fut aussi assez confus lors du grand oral des candidats qui se sont succédés sur TF1 lundi dernier. On touche là à une autre limite du candidat Zemmour. La politique c’est une affaire de pro, et une campagne présidentielle, une affaire de super pro. C’est difficile, c’est épuisant.

Au fond, Eric Zemmour est resté un polémiste, ultra-clivant, et même inquiétant pour une bonne partie de l’opinion. Il n’a pas vraiment réussi sa mue en présidentiable. C’est en tout cas ce que qu’espère Marine Le Pen qui entend siphonner ses électeurs pour garantir sa qualification au second tour.

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