Pouvoir d'achat : qui sortira vainqueur de cette partie de poker menteur ?
Les mesures sur le pouvoir d’achat constituent le premier rendez-vous important du gouvernement. Le projet de loi, présenté jeudi en Conseil des ministres, sera débattu le 18 juillet à l’Assemblée. Mais que faut-il en retenir ? L'édito de Jean-Jérôme Bertolus.
C’est un texte à la fois important, très symbolique : le nouveau quinquennat démarre avec le projet de loi pouvoir d'achat. Et il est attendu par les Français. Le gouvernement devra lui-même être extrêmement attentif aux retombées économiques et politiques de ces mesures.
Lundi, Emmanuel Macron demandait à ses ministres de protéger les Français : il évoquait une quasi-économie de guerre en France. L’inflation atteint 6 % et ce n’est pas fini. Avec les répercussions du conflit en Ukraine, les tensions permanentes avec la Russie, le cordon sanitaire également autour de certaines villes chinoises, la hausse des taux d’intérêt, des interrogations pèsent sur la croissance. L’objectif de ces mesures en faveur du pouvoir d’achat, déjà jugées insuffisantes par les oppositions, est de permettre d’atténuer le choc pour les Français et de faire reculer le spectre de la récession en soutenant la consommation.
Le gouvernement va-t-il pouvoir mettre en œuvre sa politique de compromis ?
Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, explique que le cap du gouvernement est une action permanente à la recherche du compromis. Pourtant, pas question de débattre et, a fortiori, de reprendre les principales propositions des oppositions, comme un Smic à 1500 euros pour et la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires pour les partenaires de la Nupes, le blocage des prix de l’essence ou encore la baisse des charges sur les salaires, comme le réclame la droite. Elisabeth Borne n’a pas du tout l’intention de reprendre ces propositions, jugées beaucoup trop coûteuses.
En fait de compromis, il s’agit plutôt d’un poker menteur : pas véritablement de mains tendues. Mais alors comment le gouvernement compte-t-il faire passer son texte ? Avec ce jeu de poker menteur, il sera difficile pour les oppositions de voter : comment s'exprimer contre la revalorisation des prestations sociales ?
Mais l'opposition n’est pas suicidaire : Marine Le Pen l’a bien compris. Tout en jugeant le texte imparfait, elle indiquait déjà que les 89 députés du RN... le voterait. Reste maintenant à savoir si les mesures du gouvernement vont suffir aux yeux des Français. Jean-Luc Mélenchon appelle à une "marche contre la vie chère" à la rentrée, Fabien Roussel appelle tous les Français à la mobilisation. La position du gouvernement reste donc bien fragile et la bataille de l’opinion, incertaine. Car en matière de pouvoir d’achat les Français jugent toujours que le compte n’y est pas.
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