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Pierre Moscovici, le ministre en liberté surveillée

Le ministre de l'Economie apparaît très affaibli après le lancement de la remise à plat du système fiscal par Jean-Marc Ayrault. Quand le chef du gouvernement reprend l'ascendant, c'est au détriment du ministre.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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Il s'agit d'une
légende urbaine, assure Matignon. Pourtant, l'interprétation
fait florès à longueur de colonnes et de tweets : Pierre Moscovici serait
la grande victime de l'opération Ayrault sur la remise à plat du système
fiscal.

Pour preuve,
le ministre de l'économie n'avait pas été mis dans la confidence de cette contre-attaque,
opérée par le Premier ministre, avec l'aval du président de la République.

Dans le même
temps, le Canard Enchainé annonçait le prochain départ de deux directeurs d'administration
de Pierre Moscovici. Information
reprise par le Monde
, et interprétée comme un véritable "remaniement "
par le quotidien du soir : le Premier ministre  reprendrait la main sur Bercy. Légende urbaine
pourtant, assure désormais Matignon...

Pourtant, il n'est pas faux de penser que Pierre
Moscovici est affaibli par cette légende urbaine...

Le simple
fait d'évoquer cette hypothèse n'est pas valorisant, pour le ministre de l'Economie même si Matignon s'efforce de ménager la
réputation de Pierre Moscovici.

D'abord, le
changement du directeur du budget est bien à l'ordre du jour, depuis le 12
novembre. Le départ de celui du Trésor finira bien également par arriver.

Le fait d'associer
ces événements prévisibles à un remaniement politique, voulu par Matignon et l'Elysée,
donne le sentiment que François Hollande et Jean-Marc Ayrault jugent l'action de Pierre
Moscovici perfectible, pour le moins. Les moins
aimables assurent que par sa formule sur le "ras-le-bol fiscal ",
il a non seulement constaté ce ras le bol, mais aussi ouvert les vannes de son
expression dans le pays.

Une erreur
tactique préjudiciable en tout cas, et qui rend plausible l'hypothèse du
mécontentement du couple exécutif.

Moscovici fragilisé
aux yeux de son administration

On
entend souvent parler de la forteresse de Bercy pour désigner cette haute
administration qui observe placidement les ministres se succéder, se disputer
leurs territoires, alors que les fonctionnaires sont inamovibles.

Ce sont eux aujourd'hui
les plus choqués par l'annonce de départ en forme de limogeages de deux des
leurs. Mauvaise manière
dont le ministre fait les frais. C'est à lui que l'administration de Bercy va reprocher de ne pas avoir su protéger ses ouailles.

Pierre
Moscovici se retrouve donc dans une posture bien inconfortable, entre la
marteau et l'enclume, entre deux déceptions, celle des politiques et celle des
fonctionnaires. 

Légende
urbaine ou pas, Pierre Moscovici se sait désormais très observé, des deux
cotés. Il est toujours
ministre, mais en liberté surveillée. 

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