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Non-cumul des mandats : pourquoi la tentation de certains députés divise profondément la majorité

Certains députés voudraient revenir sur le non-cumul des mandats. Pourquoi cette tentation ? L'édito de Renaud Dély.

Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le député Renaissance Karl Olive, ancien maire de Poissy (Yvelines). (JOEL SAGET / AFP)

Faut-il renouer avec le cumul des mandats ? La politique française ne va pas bien et les parlementaires pas mieux. Avec l’abstention record, leur légitimité faiblit, les électeurs les jugent trop éloignés, et ils se sentent eux-mêmes déconnectés des réalités du terrain. Ce sont les raisons que met en avant un député de la majorité, Karl Olive, à l’initiative d’une proposition de loi pour revenir sur l’interdiction totale du cumul des mandats de parlementaire et de maire.

Rappelons qu’un parlementaire peut encore être en même temps conseiller municipal, départemental ou régional. Mais Karl Olive veut rétablir aussi la possibilité de cumuler un mandat de député ou de sénateur avec celui de maire, uniquement pour les villes de moins de 20 000 habitants. Ce qui concerne quand même 98 % des 36 000 communes de France. En revanche, il entend maintenir l’interdiction de cumuler des indemnités.

La philosophie d'Emmanuel Macron remise en cause

Pour cette proposition, Karl Olive se targue d’avoir l’oreille du président Emmanuel Macron. C’est d’ailleurs à Poissy, la ville dont il était maire jusqu’en juin quand il s’est fait élire député, que le candidat Macron avait lancé sa campagne présidentielle. Et le chef de l’Etat n’est pas un chaud partisan du non-cumul. Au fil du premier quinquennat, l’exécutif a souffert du manque d’implantation des députés de la majorité. Et donc d’un manque de capteurs quand la colère monte dans le pays. On l’a vu avec la crise des "gilets jaunes". Et c’est auprès des maires qu’Emmanuel Macron avait pris un bain de jouvence politique pour reprendre la main lors du "grand débat" et sauver son mandat. Mais paradoxalement, les partisans du cumul se recrutent surtout du côté de LR, qui dispose d’un important réseau d’élus locaux, et du RN qui aspire à s’implanter dans le pays.

Reste que le sujet divise la majorité si profondément. La proposition de loi de Karl Olive n’a ainsi pas été retenue lundi 19 septembre par le bureau du groupe des députés Renaissance. Le parti macroniste a juste décidé de créer un groupe de travail sur les institutions. Il faut dire qu’Emmanuel Macron a plaidé ardemment pour le renouvellement du personnel politique et la mise au rencart des politiciens professionnels. Il avait même lancé à ses troupes : "Soyez fiers d’être des amateurs !" Difficile d’affirmer aujourd’hui que les cumulards seraient l’avenir de la politique. Un tel constat résonnerait plutôt comme un aveu d’échec, et comme le retour de ce "vieux monde" qu’il prétendait enterrer.

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