Les Républicains : derrière la bataille du nom, deux stratégies
Nicolas Sarkozy a répondu jeudi soir aux critiques des socialistes contre le nouveau nom de l’UMP : "Les Républicains". "La gauche, ils sont d’abord socialistes et ensuite républicains ", a lancé le président de l’UMP en meeting à Nice. "Nous, nous sommes d’abord républicains et ensuite gaullistes ou libéraux ", a-t-il expliqué. Une sortie qui lui a valu une réponse de Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS sur Twitter, "Nicolas Sarkozy ne connaît pas Jaurès. Le socialisme c’est la République jusqu’au bout ".
.@NicolasSarkozy ne connait pas Jaurès. Le socialisme c'est la République jusqu'au bout.
— Jean-Chr. Cambadélis (@jccambadelis) April 22, 2015
Si les socialistes ont parlé d’un hold-up, ce nouveau nom "Les Républicains" n’emballe pas tout le monde à l’UMP. Le bras-droit d’Alain Juppé, Edouard Philippe, a parlé d’un choix "très curieux et très contestable ". A l’UMP, a-t-il confié au journal Libération , "Nous sommes républicains mais je ne considère pas que nous soyons les républicains ".
Selon un récent sondage Odoxa, 57% des électeurs de droite ne comprennent pas la volonté de vouloir rebaptiser l’UMP. Des contestations et des chiffres qui ne semblent pas, pour l’instant, dissuader l’équipe de Nicolas Sarkozy.
Ce changement de nom n’est qu’une illustration de la bataille entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy
Jeudi soir, Nicolas Sarkozy a aussi rappelé son camp à l’union : "dans ma famille politique je n’ai pas d’adversaire ", a-t-il osé avant d’ajouter qu’"aucune concurrence n’est légitime quand elle se fait au détriment du collectif ".
Ces phrases révèlent qu’Alain Juppé est bel et bien installé dans le paysage et les sondages sur la primaire le donne au coude à coude avec l’ancien chef de l’Etat. A cela, Nicolas Sarkozy doit ajouter un autre candidat. Bruno Le Maire est en embuscade et peut largement compliquer les rapports de force. Dans le "Tout Sauf Sarkozy" il faut aussi rajouter François Fillon. Nicolas Sarkozy a un plan, mais encore pas mal d’obstacle, avant d’arriver à son objectif, sa revanche sur François Hollande en 2017.
La stratégie du clivage
Pour ne pas s’attaquer frontalement à ses adversaires internes, comme Alain Juppé, Nicolas Sarkozy a fait un choix très simple. Il joue la droite du parti, tout en s’assurant des alliances avec les centristes de l’UDI dans les élections locales. Il joue la droite de l’UMP ; c’est-à-dire les militants les plus fidèles. Quelques exemples : il a prôné l’arrêt des menus de substitutions dans les cantines pour les enfants qui ne mangent pas de porc, et il s’est exprimé pour une interdiction du voile dans les universités. Il parle beaucoup d’immigration et de l’islam. Il a même décidé de faire une journée de réflexion sur cette religion au sein de l’UMP le 4 juin.
C’est une vieille tactique politique, il veut rassembler son parti et le temps arrivera, bien plus tard, où il faudra élargir et se montrer moins clivant. La technique ne marche pas à tous les coups, 2012 l’a prouvé, mais en attendant elle permet à Nicolas Sarkozy d’affirmer sa place face à ses prochains adversaires, face à tous les candidats à la primaire de la droite et du centre.
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