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Législatives 2022 : la campagne en faux plat d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron s’est rendu mardi 30 juin à Cherbourg, dans la Manche, au chevet de l’hôpital en crise. Une façon pour le chef de l’Etat de lancer - enfin - la campagne de la majorité à douze jours du premier tour des législatives ?

Article rédigé par franceinfo - Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Emmanuel Macron en visite  au CHU de Cherbourg, le 31 mai 2022. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

C'est, en tout cas, une façon de se remettre en mouvement après un long faux plat qui commençait à inquiéter au sein de la majorité. Depuis la formation du gouvernement, le chef de l’Etat semblait comme ailleurs, hors de la scène politique intérieure. Exclusivement préoccupé par les sujets internationaux. Il participait d’ailleurs aussi mardi à un sommet européen à Bruxelles.

Bien sûr, il y a la guerre en Ukraine, mais comme Elisabeth Borne ne communique pas non plus, qu’elle est elle-même engagée dans sa propre campagne dans le Calvados, et bien la majorité n’avait jusque-là ni chef, ni même incarnation à quelques jours d’une échéance électorale capitale : les élections législatives.

Une tactique déjà éprouvée

C'est, bien sûr, une tactique qui vise à ne pas donner prise, ne pas servir de cible à l’adversaire. En clivant le moins possible. Plus question de parler de la réforme des retraites par exemple, et l’âge de 65 ans n’est plus un "totem", dit la cheffe du gouvernement. Ce modèle de campagne furtive, presque subreptice, c’est celui qu’a suivi Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle. Il ne lui pas mal réussi puisqu’il avait débouché en tête en progressant de 4 points et un million de voix par rapport à 2017.

Le chef de l’Etat tente de refaire le coup. À la présidentielle, sa reconduction s’imposait comme une évidence faute d’alternative crédible, et l’épouvantail Le Pen suffisait à mobiliser au second tour. Aux législatives, c’est la logique des institutions qui est supposée lui offrir une majorité en forme d’évidence et l’épouvantail Mélenchon doit suffire à rassembler au second tour surtout si la gauche ralliée aux Insoumis réalise un bon score au premier tour.

Des doutes

D’ici là, Emanuel Macron s’applique donc à mettre en scène une forme de continuité de l’action gouvernementale d’un quinquennat à l’autre, sur la Santé par exemple avec l’annonce d’une "grande conférence" dès cet été qui semble faire écho au Grenelle du premier mandat. Sur l’Education, jeudi, à Marseille où le Président se rendra avec son nouveau ministre Pap Ndiaye, notamment pour le suivi des investissements massifs lancés par le gouvernement l’an dernier pour les écoles de la ville.

Cette tactique n’est pas sans risques : d’abord sur le plan électoral. La majorité parlementaire n’est pas acquise tant que les électeurs n’ont pas voté. Et puis surtout après ? Les incertitudes, les ambiguïtés qui demeurent sur le cap de ce second quinquennat sont lourdes de menaces si les sujets qui n’auront pas été débattus explicitement pendant la campagne ressurgissent demain dans la rue. 

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