Le Ve arrondissement, triangle des Bermudes des élections municipales à Paris
L'arrondissement
est réputé de droite. Il n'est jamais tombé dans l'escarcelle de la gauche aux
municipales. Depuis 1983,
il est le fief de Jean Tibéri, ex premier adjoint de Jacques Chirac et ancien
maire de Paris, battu par Bertrand Delanoë en 2001, mais pas dans cet arrondissement. La gauche y
a frôlé la victoire seulement en 2008, de 200 voix.
Et pourtant la gauche croit toujours pouvoir
gagner ce Ve arrondissement de Paris...
Exactement,
parce que depuis 1997, cet arrondissement vote constamment à gauche, à toutes
les élections, sauf aux élections municipales. **** C'est ce qui
fait dire à Jean Tibéri que si ce n'est pas un Tibéri, la droite est sûre de
perdre. C'est " arithmétique " selon le maire d'arrondissement sortant. Jean Tibéri
a 77 ans, il ne se représente pas, mais il soutient son fils, Dominique, auquel
Nathalie Kosciusko-Morizet a refusé la tête de liste.
Dominique Tibéri sera quand même candidat,
mais en tant que dissident.
Les Tibéri
espèrent toujours que Nathalie Kosciusko-Morizet revienne à de meilleurs
sentiments, et concède la tête de liste à Dominique. Mais la candidate
UMP n'a aucune envie de céder à ce qui, à ses yeux, ressemble à du chantage :
" retenez-moi, ou je fais un malheur ", en l'occurrence je fais ma
liste. L'ancienne
ministre veut incarner une nouvelle éthique à Paris, loin du système clanique
qu'elle dénonce à gauche, autour de Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo, et que
symbolise le nom de Tibéri.
Cela ressemble
à un bras de fer, ou à un poker menteur.
Il n'est pas
le seul que doit surmonter Nathalie Kosciusko-Morizet. Charles Beigbeder
annonce des listes alternatives à droite dans toute la capitale.
Un chantage là encore ?
Il est vrai
que Charles Beigbeder a commencé à ruer dans les brancards une fois qu'il a été
exclu des premières places dans le VIIe arrondissement. Mais il pointe
quand même un écueil politique. Le rassemblement droite et centre dès le
premier tour laisserait trop d'espace au FN. Le parti de Marine Le Pen, supposé
être en forte progression dans la capitale.
Le débat n'est donc pas clos à droite, et à
gauche, pourquoi cet engouement pour le Ve arrondissement à Paris ?
Parce que c'est
un arrondissement prenable. Non seulement à cause des divisions de la droite,
mais aussi parce que ses électeurs votent à gauche pour les autres élections. Anne Hidalgo
lui accorde une valeur symbolique. Et puis, même
si la droite finit par se rassembler, la socialiste peut se dire qu'aujourd'hui
le mal est fait, surtout si elle-même insiste bien là où ça fait mal.
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