Le président manque-t-il de courage ?

Pas autant que l'affaire Leonarda, bien sûr, et que la calamiteuse séquence du week-end dernier, mais il est à parier que la décision présidentielle de recevoir les professionnels du football la semaine prochaine à l'Elysée sera analysée par certains esprits chagrins comme un nouvel aveu de faiblesse.
Encore faut-il savoir ce qu'il va leur dire. "Si le président les rencontre, c'est qu'il va leur donner du grain à moudre ", glisse un conseiller à matignon.

Le courage ne serait donc pas l'apanage du président ?  C'est en tout cas ce que signifie, très explicitement cette fois, la une du Parisien Magazine de vendredi : "Osez monsieur le président !" . Un dossier illustré par une photo de Ségolène Royal, en toge blanche, pied nus sur un tapis rouge, un drapeau français à la main, façon Delacroix et son célèbre tableau "La Liberté guidant le peuple".

Ségolène Royal, qui - sans mettre en doute le courage de son ancien compagnon devenu président – donne tout de même sa définition du courage en politique : "Oser des réponses neuves, et prendre le risque de décisions impopulaires". Voilà qui entre singulièrement en résonnance avec ce qui est reproché à François Hollande..

Le président manquerait donc de courage ?

Pas courageux le président ? Ce n'est pas ce que disent ceux qui le connaissent bien. "Il sait ce qu'il veut, mais il ne le dit pas toujours ", explique une ministre qui, comme beaucoup d'autres, dresse un portrait paradoxal du président et de son mode de gouvernance.

Il répugne à trancher rapidement, c'est vrai, mais quand il le fait, il le fait seul. "I l n'a pas la grosse tête , ajoute un tenor du PS, mais en revanche, il n'en fait qu'à sa tête". D'ou la séquence ratée du week-end dernier, dans l'affaire Leonarda. Ses conseillers, très critiqués au sein de la majorité, n'ont surtout pas été beaucoup écoutés. Pour eux aussi, la surprise a été grande de voir le président monter en première ligne. Un scenario que tous ou presque avaient repoussé.

Que peut faire François Hollande pour rebondir ?

Cela va être très compliqué, vu la perte de crédibilité qui est la sienne. En quelques minutes d'intervention solennelle, la parole présidentielle s'est singulièrement démonétisée.

"I l faut lui trouver une formule qui lui convienne et qu'il accepte ", résume un proche. D'abord, le président va renouer avec un exercice dans lequel il excelle : la conférence de presse. Elle aura probablement lieu entre le 12 et le 15 novembre. Saura-t-il de nouveau séduire ce public de journalistes qu'il affectionne, mais dont il n'a - pour une fois - pas prévu les réactions le week-end dernier ? En effet le président s'est laissé piéger par la logique de l'info en continu, qui l'a placé dans un face à face mortifère avec Léonarda, interrogée en direct live depuis le Kosovo juste après l'allocution présidentielle.

Autre exercice possible pour reprendre la main, un grand discours sur la République, les valeurs.

Beaucoup lui conseillent de s'adonner à cet exercice, mais l'affaire est sans cesse repoussée. D'abord, le président se méfie de certains sujets inflammables. L'immigration, il le sait, en est un. Et puis sa grande affaire, c'est la situation économique et sociale. En la matière, "il faut qu'il ait des résultats tangibles ", explique un ministre qui le connait bien. "I l ne peut pas s'exprimer tant qu'il n'y a pas de résultats ".

Bref, le président entend s'appuyer sur quelque chose de concret. La fameuse inversion de la courbe du chômage, ce serait l'idéal,  mais en la matière, les chiffres sont mauvais ce mois-ci, +1,9% et les prévisions sont peu optimistes pour la fin de l'année, ce qui éloigne un peu plus la perspective d'une parole présidentielle relégitimée.