Édito
Élections européennes : le Rassemblement national se félicite du ralliement d’un nouveau haut fonctionnaire

Énarque inconnu du grand public, Pierre Pimpie est candidat sur la liste de Jordan Bardella.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jordan Bardella en meeting de campagne électorale pour les élections européennes, le 22 mars 2024 à Montbéliard (Bourgogne-Franche-Comté). (LIONEL VADAM  / MAXPPP)

Directeur général adjoint de l’établissement de sécurité ferroviaire, Pierre Pimpie, un énarque inconnu du grand public, vient d'ajouter son nom sur la liste du Rassemblement national de Jordan Bardella pour les élections européennes. Un ralliement peu surprenant puisque l’intéressé travaille déjà pour Marine Le Pen depuis plusieurs années.

Lors de la dernière présidentielle, Pierre Pimpie a rédigé le volet du programme de la candidate d’extrême droite consacré à la lutte contre les fraudes sociale et fiscale. Ce qui n’empêche pas le parti de brandir cette nouvelle recrue comme une preuve supplémentaire de normalisation. À mesure qu’il s’approche du pouvoir, le RN séduirait de nouvelles compétences. Mais derrière ce discours, la réalité est plus complexe.


D’abord parce que ce n’est pas nouveau. Dès les années 1980 et 1990, le Front National recrutait des hauts fonctionnaires comme Jean-Yves Le Gallou et Yvan Blot qui étaient énarques, ou Bruno Mégret, polytechnicien. Il y a treize ans, Marine Le Pen brandissait l’arrivée de Florian Philippot, lui aussi énarque, comme l’annonce de son imminente accession au pouvoir. Même chose en 2022 avec son directeur de campagne pour la présidentielle, Christophe Bay, passé inaperçu. Dans la plupart des cas, ces rapprochements se sont conclus par des divorces retentissants. Au RN, les histoires  d’énarques finissent mal, en général.

Des ralliements coups de com'

Par ailleurs, les CV de ces nouvelles recrues ne sont pas toujours sans tâche. Fabrice Leggeri, actuel numéro trois sur la liste Bardella, est visé par une plainte de la Ligue des droits de l’homme pour complicité de crime contre l’humanité. Il est accusé d’avoir illégalement repoussé en mer des bateaux de migrants quand il était patron de Frontex. Quant à l’autre recrue mise en avant par Jordan Bardella, Malika Sorel, numéro 2 sur sa liste, elle faisait l’assaut d’Emmanuel Macron pour entrer au gouvernement quelques jours avant de rejoindre le RN.
 
Pour le RN, l’utilité de ces ralliements est de faire des coups de com’, se grimer en parti de gouvernement. Et puis servir de cache-sexe. Car le RN annonce de longue date des ralliements d’élus de droite qui ne viennent toujours pas. Une poignée de hauts fonctionnaires inconnus ont donc mission de compenser. Au prix d’ailleurs d’une sacrée contradiction. L’extrême droite fustige de longue date les ravages de la technocratie qui aurait ruiné le pays. Les attaques du parti lepéniste sur ce thème ont redoublé depuis qu’Emmanuel Macron est à l’Élysée. Pourtant, le RN se dépêche d’enrôler ces technocrates dont il fustige l’incompétence.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.