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Édito
Recherche d'un nouveau Premier ministre : comment échapper à la censure de l’Assemblée nationale ?
Intense journée de consultations, lundi 2 septembre, à l’Élysée. Emmanuel Macron a notamment reçu Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand. Un nouveau nom inattendu fait désormais la course en tête des Premiers ministrables, Thierry Beaudet, le président du Conseil économique social et environnemental (Cese). Le chef de l’État ne cherche pourtant pas toujours le contre-pied.
Emmanuel Macron aime surprendre, c’est vrai. Il l’avait fait en nommant Jean Castex en 2020, ou même Gabriel Attal en janvier 2024 alors que l’Élysée faisait circuler le nom du ministre de la Défense, Sébastien Lecornu. Mais si ses choix étonnent souvent, c’est d’abord parce que le Président procrastine, ça on l’a vu - 49 jours sans Premier ministre de plein exercice - et qu’il hésite, de plus en plus. Déjà en 2022, il avait promis Matignon à Catherine Vautrin, avant de se déjuger deux jours plus tard au profit d’Élisabeth Borne.
S'il décide de se tourner vers un profil issu de la société civile, c'est d'abord parce que Thierry Beaudet est d’accord. Le chef de l’État l’a appelé jeudi et il a rapidement accepté sa proposition. La première condition, c’est de trouver un volontaire. Deux jours plus tôt, d’après les informations de franceinfo, le chef de l’État avait essuyé le refus de Laurent Berger. Il y a longtemps que l’ancien leader de la CFDT n’a plus confiance dans la parole présidentielle. Lors de leur entrevue, il a vite compris qu’il n’aurait pas les mains libres. Que le chef de l’État propose Matignon à celui qui fut son plus farouche adversaire lors de la bataille des retraites en dit long sur son affaiblissement politique. Pourtant, Emmanuel Macron ne veut pas se voir infliger de véritable cohabitation, il entend continuer à peser. D’où son faible pour Thierry Beaudet, qui n’a pas posé de conditions insurmontables.
Un profil peu clivant pour le poste de Premier ministre
Ce profil peut-il échapper à la censure de l’Assemblée ? C’est l’autre condition indispensable. Un Premier ministre issu de la société civile, à la tête d’un gouvernement technique, aurait peut-être moins de risques d’être censuré qu’un politique lesté d’un lourd passé comme Bernard Cazeneuve ou Xavier Bertrand. Homme de dialogue, proche des partenaires sociaux, Thierry Beaudet a peu d’amis politiques, mais il a encore moins d’ennemis. Ce profil peu clivant pourrait anesthésier, un temps, les oppositions en particulier à gauche. Ce qui séduit pour l’heure Emmanuel Macron, à moins qu’il ne change d’avis…
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