Édito
Pour quelles raisons le Rassemblement national a-t-il besoin de rester sur le pied de guerre en lançant une campagne permanente ?

À l'occasion de la rentrée parlementaire des élus de son groupe à l'Assemblée, Marine Le Pen, qui a appelé à une nouvelle dissolution en 2025. Elle estime que la situation politique "ne peut pas tenir".
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Séminaire parlementaire du parti d'extrême droite Rassemblement National RN à l'Assemblée nationale, le samedi 14 septembre 2024. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Le Rassemblement national est déjà en campagne pour les prochaines élections législatives. Marine Le Pen espère et même pronostique, samedi 14 septembre, devant les cadres de son parti, une nouvelle dissolution de l’Assemblée dans dix mois, c’est-à-dire dès que le délai minimum d’un an sera écoulé. Le RN peut d’ailleurs peser dans cette direction s’il vote une motion de censure déposée par la gauche pour faire tomber le gouvernement Barnier. Tant que les autres blocs, gauche, centre et droite ne s’entendent pas, le RN est par définition le maître des horloges au Palais-Bourbon. C’est arithmétique. Jordan Bardella a donc décrété que le RN entrait dès maintenant en "campagne permanente" pour les futures législatives.  
 
Ce message s’adresse d'abord à l'opinion publique. Jordan Bardella veut entretenir l’image d’un parti fin prêt à exercer le pouvoir. Avec une stratégie claire, une équipe efficace, et des candidats compétents. Il a même déjà nommé un tandem de directeurs de campagne: les députés Julien Odoul et Thomas Ménagé. Mais attention, il nous a déjà fait le coup. Début juin, au soir de la dissolution, le RN se vantait d’avoir un "plan Matignon" tout ficelé. Ce n’était qu’une liste de candidats et nombre d’entre eux se sont fait remarquer pendant la campagne par leur incompétence et leurs propos racistes, antisémites ou homophobes.

Faire taire les grincheux

L’autre destinataire de cette annonce, ce sont justement les cadres qui souhaitaient ouvrir un débat en interne sur les causes de la défaite des législatives. Et évoquer les insuffisances de la présidence Bardella. Au second tour des législatives, le front républicain a fonctionné à plein régime et souligné les limites de la tactique de "dédiabolisation", qui vise à grimer le RN en formation ordinaire. Le parti d’extrême droite se voyait déjà au pouvoir et Jordan Bardella à Matignon. Il a nettement échoué, mais avec 37 sièges de plus, Marine Le Pen refuse de parler de défaite. Circulez, y’a rien à voir !

Pas question d’autocritique, rien de tel qu’une campagne permanente pour faire taire les grincheux ! Surtout à l’approche d’une autre échéance délicate. Le procès qui s’ouvre le 30 septembre pour juger Marine Le Pen, accusée de détournement de fonds publics, et 26 autres élus ou collaborateurs du RN dans l’affaire des assistants fictifs du Parlement européen. Les charges sont lourdes et les risques juridiques importants. Décréter la mobilisation électorale générale, c’est aussi le moyen de resserrer les rangs et d’étouffer les éventuels états d’âme de la troupe.

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