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Édito
Le récit politique du chef de l'Etat et du gouvernement n'imprime plus

L’arrivée de l’"Ocean Viking" dans le port de Toulon, vendredi 11 novembre, vient clore une séquence contrariée pour l’exécutif.
Article rédigé par Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président français Emmanuel Macron lors de la COP27 à Charm-El-Sheikh (Egypte), le 7 novembre 2022 (KHALED ELFIQI / EPA)

Si l’Elysée a perdu l’habitude de publier un agenda prévisionnel du président Macron, on peut se dire,  rétrospectivement, que les derniers jours n’ont pas été ceux que l’exécutif avait prévus. Le début de semaine avait été imaginé par les équipes du chef de l'État comme une mise en lumière des efforts de la France sur la question climatique : la COP27 en Egypte, puis la rencontre du président avec les industriels polluants, suivies d'annonces sur la décarbonation. Emmanuel Macron avait même demandé aux internautes de lui poser des questions sur le climat. On attend d’ailleurs toujours ses réponses...
 
Au final, rien de tout cela n’a réellement marqué l’opinion. En raison d'une actualité dramatique évidemment, celle notamment de l’Ocean Viking.  Mais la faute en revient aussi à un récit politique qui n’imprime pas, ou plus. Depuis plusieurs semaines, le chef de l’État semble avoir des difficultés à faire passer des messages. On ne parle pas de sujets polémiques, des petites phrases : je note qu’il est difficile pour l’exécutif d’installer des sujets de fond, la question climatique en est évidemment l’illustration.
 
L'une des raisons se situe probablement au Palais-Bourbon : cette nouvelle Assemblée, bouillonnante, bruyante, prend beaucoup de place dans l’opinion. Tout cela rend plus difficile l’émergence de débats de fond. Les controverses sont nombreuses, rebondissent, les punchlines sont efficaces, cartonnent sur les réseaux sociaux et les chaînes d’info… Pas évident d’imposer des sujets.
 
Un exemple : sur le budget, on a beaucoup entendu parler de la méthode, des 49.3, des amendements polémiques sur les "superdividendes"… Mais qui peut dire combien d’argent a été investi dans l’école ou la santé ? Personne.

Mieux "mettre en musique" l'action gouvernementale

 
Les médias ont sans doute une responsabilité, mais si vous regardez bien il y a quelque 1 000 articles qui relatent les décisions et actions du gouvernement. Donc ce n’est pas tant un problème de fond qu'une "mise en musique" qui manque de densité, une partition trop éclatée. Et par ailleurs, est-ce aux médias de s’astreindre à diffuser la parole gouvernementale ou est-ce à l’exécutif d’être suffisamment audible pour être repris dans les médias ? Je peux vous dire que cette question commence à sérieusement inquiéter certains conseillers au sommet de l’État. Il y a une semaine, Elisabeth Borne a par exemple annoncé la création d’un fonds de solidarité alimentaire. Qui s’en souvient ?

Cette difficulté va s’accentuer pour Emmanuel Macron en novembre, car le président va presque s’absenter trois semaines. Le chef de l'État va enchaîner une séquence internationale qui l’emmènera de Bali à Bangkok pour la réunion du G20, puis de Djerba à Washington. Loin des yeux, loin du cœur : le président risque d’avoir encore plus de mal à faire passer ses messages. Et il risque d’assister, à distance, au show de certains de ses ministres qui eux, sont plus habiles avec les messages politiques. 
 
Tiens … Vous avez remarqué, vous aussi, que seul Gérald Darmanin s’est exprimé sur l’Ocean Viking 

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