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Édito
L'arrivée de l'"Ocean Viking" percute les espoirs d'un débat dépassionné sur l'immigration

La situation des 234 migrants rescapés de l’"Ocean Viking" accueillis par la France continue d’être étudiée par l’administration, mais 26 d’être eux se sont enfuis.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Quelques-uns des migrants de l'"Ocean Viking", dans le camp de transit de Giens (Var) le 13 novembre 2022 (GREDAB / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Il s’agit de 26 mineurs non accompagnés, sur les 44 qui avaient été recueillis sur le navire. Pour la plupart des Erythréens, qui ont prévenu l'hôtel où ils étaient hébergés qu'ils fuguaient pour rejoindre de la famille en Allemagne, en Norvège ou en Suède. Les autorités n’avaient aucun moyen de les en empêcher puisque ces jeunes étaient libres de leurs mouvements, contrairement aux rescapés majeurs et aux mineurs accompagnés, qui sont toujours dans la zone d’attente située sur le presqu’île de Giens.

Ces fugues tombent mal pour le gouvernement, parce qu’en accueillant l’Ocean Viking, l’exécutif a pris un vrai risque politique. Sans doute l’urgence humanitaire commandait-elle de le prendre pour sauver ces quelques dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants. Mais au-delà de l’émotion, la gestion politique  du dossier relève du casse-tête. D’abord parce que selon les âges ou les pays d’origine, le traitement au cas par cas de ces situations est bien plus complexe que des envolées de tribune du RN fustigeant le "laxisme" du gouvernement.

C’est d’ailleurs pour cette raison que Gérald Darmanin s’était empressé d’affirmer dès mardi à l’Assemblée qu’une quarantaine de ces migrants qui ne répondaient pas aux critères de l’asile seraient vite expulsés vers leur pays d’origine. Mais le problème, c’est que piégé par l’extrême droite italienne, Giorgia Meloni qui a dérogé aux engagements de l’Italie en Europe,  le gouvernement se retrouve sous le feu de l’extrême droite française.

Bientôt un débat sur l’immigration au Parlement 


Il aura lieu en deux temps : d’abord un débat sans vote début décembre sur les orientations générales, puis un projet de loi début 2023. Pour le faire adopter, le gouvernement aura sans doute besoin de la bienveillance de la droite. Or, la première proposition du tandem Gérald Darmanin-Olivier Dussopt, la création d’un nouveau titre de séjour pour les sans-papier qui travaillent dans des métiers "en tension", a fâché la droite. Pas question de valider des régularisations masquées dit-elle. Surtout quand LR est engagé dans une compétition interne, la désignation d’un nouveau chef, qui incite à la surenchère sur ce sujet. Bref, le sort des rescapés l’Ocean Viking vient percuter le rêve de l’exécutif, celui de parvenir enfin à dépassionner le débat politique sur l’immigration.

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