Édito
Introduction d'une part de proportionnelle aux élections législatives : cette évolution du mode de scrutin est-elle une bonne idée ?

Dans "La Tribune Dimanche" Emmanuel Macron estime qu'"introduire une part de proportionnelle" aux élections législatives " serait bon pour la démocratie". Un sujet institutionnel qui divise son camp.
Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron lors du séminaire final de la Convention sur la fin de vie au Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris, le 26 avril 2024. (LUDOVIC MARIN / POOL / MAXPPP)

Emmanuel Macron s’est dit dimanche 5 mai dans une interview à La Tribune Dimanche favorable à l’introduction d’une dose de proportionnelle dans le mode de scrutin des législatives. C’était d’ailleurs l’une des propositions du candidat Macron en 2017 comme en 2022. Ce serait "bon pour la démocratie", dit-il en souhaitant qu’une majorité parlementaire se dégage. Pour l’heure, c’est la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet qui est à la manœuvre. Elle propose que les députés soient élus à la proportionnelle dans les départements qui en désignent au moins 11, c’est-à-dire les plus peuplés comme Paris, le Nord ou les Bouches-du-Rhône. Au total, cela concernerait 152 députés, les 425 autres restant désignés au mode de scrutin majoritaire. 

Cette proposition est diversement accueillie par la majorité. Le patron du MoDem, François Bayrou, y est très favorable mais le groupe Renaissance est, lui très divisé. Beaucoup mettent en garde contre l’éloignement des élus avec leur territoire et le coup de pouce aux apparatchiks désignés par les partis au détriment de l’ancrage local. Un argumentaire repris par la plupart des députés LR. En fait, c’est au sein du reste de l’opposition que l’on trouve le plus de fervents partisans de la proportionnelle, et parfois même de la proportionnelle intégrale, chez les Insoumis, les socialistes, les Verts ou encore au Rassemblement national.

La proportionnelle nécessite dialogue et compromis 

Cette évolution du mode de scrutin n'est pas forcément une bonne idée. D’abord, l’argument d’une représentation plus juste est battu en brèche par la composition actuelle de l’Assemblée : pas de majorité absolue et dix groupes différents au total. Les législatives de 2022 ont déjà accouché d’une représentation très éclatée, digne de la proportionnelle. Et depuis deux ans, même si la plupart des projets de lois ont été votés, l’atmosphère électrique des débats, le recours répété au 49-3 et les motions de censure à répétition montrent que les parlementaires n’ont pas avancé sur la voie du dialogue et de la recherche du compromis, deux impératifs que nécessite à coup sûr une assemblée désignée à la proportionnelle.

Au fond, cette réforme risquerait fort de bloquer vraiment le processus législatif. À moins qu’elle n’ait un autre objectif. En confortant la représentation des oppositions, la proportionnelle permet de limiter les raz-de-marée que provoque souvent le mode de scrutin majoritaire aux législatives. Et en l’occurrence de limiter l’ampleur d’une vague d’extrême droite que beaucoup redoutent en 2027.

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