Élections législatives : la proposition de Yaël Braun-Pivet pour instaurer une dose de proportionnelle divise la classe politique

Yaël Braun-Pivet évoquera mardi au Sénat, notamment avec Gérard Larcher, sa proposition d’instaurer une dose de proportionnelle aux élections législatives. Qui sont les partisans et les adversaires d’une telle réforme ?
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Yaël Braun-Pivet à l'Assemblée nationale, le 24 janvier 2024. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

Après avoir vu les présidents des groupes à l'Assemblée, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet rencontre le président du Sénat mardi 30 avril. L'idée qu'elle veut soumettre est d'élire à la proportionnelle les députés des départements, lorsque les départements comptent plus de 11 députés. C'est le cas à Paris, dans le Nord ou encore les Bouches-du-Rhône. Cela donnerait un quart des élus choisis à la proportionnelle, sans avoir besoin de redécouper les 577 circonscriptions législatives.

Dans la majorité présidentielle, il y a des défenseurs historiques de la proportionnelle, comme François Bayrou. "On reprend espoir, confie un ministre MoDem, il peut y avoir une fenêtre de tir cette fois". Sauf que chez Renaissance l'accueil est très mitigé : "La majorité de la majorité est contre", résume un député macroniste. À commencer par le patron du groupe à l'Assemblée, Sylvain Maillard, qui voit dans la proportionnelle une prime aux "apparatchiks", qui feraient le siège du parti pour être investis.

La proportionnelle poussée par l'opposition, sauf chez LR

Il y a davantage de défenseurs de la proportionnelle dans l'opposition, comme au RN. Chez les insoumis aussi, mais les mélenchonistes veulent la proportionnelle "intégrale", comme aux législatives de 1986, pas juste "une dose". La présidente des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, n’est pas davantage convaincue par la version de Yaël Braun-Pivet, qui crée "deux types de députés" : les députés des zones urbaines élus sur des listes, et ceux des zones rurales pour qui rien ne changerait. Même réserve du côté des communistes, qui n'ont pourtant "pas de problème de principe avec la proportionnelle". Quant au PS, il regarde cela "sans hostilité, mais sans appétit non plus".

C'est dans les rangs de LR qu'il y a le plus d'attachement au scrutin majoritaire. La droite n'aime pas la proportionnelle, synonyme de "déconnexion macroniste puissance 1 000" lâche un député. Mais chez Les Républicains, "ils vont finir par y avoir intérêt", ironise une ministre, car LR perd des plumes à toutes les législatives depuis 2012. Avec le scénario de Yaël Braun-Pivet, la droite aurait d'ailleurs eu huit députés de plus en 2022, quand Renaissance en aurait perdu 16. "Son système est une connerie monumentale", confie pourtant un élu d'un département visé pour passer à la proportionnelle : "Il y a 3 heures de route d'un bout à l'autre, dit-il, comment on fait campagne ? Et ensuite, il faudrait plusieurs permanences !" Le patron du groupe Olivier Marleix semble moins hostile que ses troupes, mais seulement à condition de réautoriser le cumul des mandats au passage... Une dose de proportionnelle contre le cumul, c'est ce que Gérard Larcher dira à la présidente de l'Assemblée.

Bref, entre les partisans de la proportionnelle intégrale, les opposants, et ceux qui ont des exigences en contrepartie, le consensus dont rêve Yaël Braun-Pivet est très lointain. "Elle a une chance sur 10 d'aboutir, grince un macroniste, voire une chance sur 100!" 

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