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Édito
Extrême droite : les initiatives de Gérald Darmanin contraignent Marine Le Pen à sortir de l’ambiguïté

Depuis deux semaines, Gérald Darmanin met en œuvre sa promesse d’interdire tous les rassemblements d’ultra-droite et d’extrême droite... L'édito politique de Renaud Dély.
Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La présidente du groupe parlementaire RN, Marine Le Pen, à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), le 1er octobre 2022. (SYLVAIN LEFEVRE / HANS LUCAS / AFP)

Le ministre de l’Intérieur a pris cet engagement après l’émotion suscitée par le défilé dans les rues de Paris le 6 mai dernier de 500 militants vêtus de noir, gantés et masqués, qui rendaient hommage à l’un des leurs, mort il y a 28 ans. Depuis, Gérald Darmanin a demandé au préfet de police, Laurent Nunez, d’interdire une bonne demi-douzaine de manifestations de divers groupuscules.

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La dernière en date, dimanche, un hommage à une figure de l’extrême droite identitaire, Dominique Venner, qui s’était suicidé il y a dix ans à Notre-Dame pour exhorter les Européens à se révolter contre le fantasme du "grand remplacement". Un geste salué à l’époque par Marine Le Pen qui y voyait une tentative de "réveiller le peuple français". Ce commentaire illustrait sa proximité avec les franges les plus radicales de l’extrême droite qu’elle essaye aujourd’hui de faire oublier. 

Elle ne reconnaît même plus ses "amis de trente ans"

Car, depuis dix ans, Marine Le Pen a changé. Ou en tout cas, c'est ce qu’elle tente de démontrer. Les interdictions décrétées par le ministère de l’Intérieur suscitent parfois des recours en justice et peuvent posent question quant au respect de la liberté de manifester. Mais Marine Le Pen n’a pas eu un mot pour protester ou pour critiquer Gérald Darmanin. Elle ne reconnaît même plus ses "amis de trente ans", comme Axel Loustau qui s’occupait du financement de ses campagnes jusqu’à récemment, qui fut élu RN jusqu’en 2021, et qui a été aperçu dans le défilé d’ultra-droite du 6 mai.

Lundi 22 mai, le porte-parole du groupe RN à l’Assemblée, Thomas Ménagé, a carrément appelé à la dissolution du Groupe Union Défense, le fameux GUD. C’est pourtant au sein de cette organisation musclée que Marine Le Pen a nouée, sur les bancs de l’université parisienne d’Assas, de très fortes amitiés qui l’ont accompagné tout au long de son ascension politique. 

Tout cela est en partie la conséquence de l’action de Gérald Darmanin. Les initiatives du ministre de l’Intérieur contraignent Marine Le Pen à sortir de l’ambiguïté, à choisir son camp. Et ce n’est pas sans risques. D’abord, parce que certains de ces militants se tournent volontiers vers le parti Reconquête d’Eric Zemmour. Et que d’autres, fâchés de l’ingratitude de Marine Le Pen, lui préfèrent désormais Jordan Bardella, le président du RN, réputé plus accueillant pour les plus radicaux.

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