Édito
Élections européennes : la difficile campagne de Manon Aubry

Tête de liste LFI, comme en 2019, pour le scrutin du mois de Juin, Manon Aubry est distancée dans les sondages d'intentions de vote par plusieurs autres listes de gauche.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Manon Aubry, tête de liste du parti La France Insoumise (LFI) pour les élections législatives européennes,lors du premier débat des têtes de liste françaises à Paris, France, le 27 mars 2024. (TERESA SUAREZ / EPA)

Manon Aubry, tête de liste de la France Insoumise mène une campagne européenne délicate. Invitée mercredi 3 avril de Demain l'Europe sur franceinfo, elle est estimée à seulement 6% d’intentions de vote dans les sondages, son score d’il y a cinq ans. Manon Aubry n’est qu’en troisième position à gauche, derrière les écologistes, et surtout nettement distancée par Raphaël Glucksmann. En fait, elle paye les outrances répétées du mentor de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, sa radicalisation des derniers mois, son refus de qualifier le Hamas de mouvement "terroriste" après les massacres du 7 octobre, et son indulgence coupable pour, "Monsieur Poutine qui fait dans son domaine ce qu’il croit être son devoir", en l’occurrence la guerre en Ukraine. Des positions qui ont fait exploser la Nupes. 

Une pure mélenchoniste

Manon Aubry n’a pas pris ses distances avec Jean-Luc Mélenchon. Au contraire, c’est parce qu’en cinq ans, elle est devenue une pure mélenchoniste qu’elle a été reconduite à la tête de la liste, comme en 2019. Une fidèle dans un mouvement en crise où tous ceux qui ont osé user d’une certaine liberté de parole ont subi les foudres de Jean-Luc Mélenchon. François Ruffin, Clémentine Autain, Alexis Corbière et beaucoup d’autres ont été écartés de toutes responsabilités. Manon Aubry, elle, porte sans état d’âme la ligne des Insoumis. Notamment quand elle dénonce ce qu’elle considère comme "un génocide en cours" à Gaza et quand elle accueille sur sa liste la militante pro-palestinienne Rima Hassan, qui accuse Israël de mener une "politique d’apartheid". Le tout, avec pour but de mobiliser chez les jeunes et dans les banlieues. Pas question donc de s’affranchir de la tutelle de Jean-Luc Mélenchon.
 

Dans la campagne, il est d’ailleurs très présent en première ligne. Il en a pris les rênes et multiplie les meetings. Comme s’il redoutait de se faire oublier. Jean-Luc Mélenchon le répète, il n’est pas en retraite. Alors, il entretient le flou sur ses intentions, joue avec les nerfs de ses successeurs potentiels. Mais tous sont convaincus qu’il prépare déjà une quatrième candidature en 2027. D’ailleurs, Jean-Luc Mélenchon a carrément lancé que le 9 juin se jouait… le "premier tour de la présidentielle" ! Un échec de la liste Aubry serait donc le sien et rebattrait les cartes. À gauche, tous ceux, Insoumis compris, qui rêvent d’une autre alliance, débarrassée de Jean-Luc Mélenchon, en ont pris bonne note.

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