Édito
Déficit public : Emmanuel Macron rappel à l'ordre le gouvernement en écartant l’idée d'un budget rectificatif

Lors d'une réunion de coordination de la majorité, lundi, Emmanuel Macron a affirmé qu’il n’y aurait pas de budget rectificatif pour 2024. Les oreilles du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, ont dû siffler.
Article rédigé par franceinfo - Benjamin Sportouch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron attend d'accueillir le président serbe avant leur rencontre à l'Elysée, à Paris, le 8 avril 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Les finances publiques, on le sait, sont dans le rouge mais Emmanuel Macron l’a redit, il ne veut pas d’une politique de rigueur. Le président de la République a tapé du poing sur la table, lundi 8 avril, lors d’une réunion des cadres de la majorité à l’Élysée à laquelle il s’est invité par surprise. Le Figaro s’en est fait l'écho et l’entourage d’Emmanuel Macron l’a confirmé à franceinfo dans la foulée. Le chef de l’État ne veut pas d’un projet de loi rectificatif pour couper dans les dépenses. C’est un problème de recettes, un problème avant tout conjoncturel, selon lui, et donc pas question d’un tour de vis supplémentaire par rapport aux 10 milliards d’économies déjà annoncées pour cette année 2024. Il faut faire preuve de “sang froid”, confie un proche d’Emmanuel Macron et rappeler la “cohérence” de la politique économique de l’exécutif. 

Officiellement, l’ensemble du gouvernement était visé par ce rappel à l'ordre mais ce sont surtout les oreilles de Bruno Le Maire qui ont sifflé. C’est bien le ministre de l’Économie qui est le principal ciblé. Ce dernier ne cachait pas ces temps-ci son envie de passer devant le Parlement pour trouver davantage d’économies en y associant le parti des Républicains. Sauf que la droite n’a plus d’états d’âme, elle menace de déposer une motion de censure. Éric Ciotti est prêt à dégainer cette arme institutionnelle qui aurait des chances d’être adoptée, avec pour effet immédiat de faire tomber le gouvernement.

Bruno Le Maire ne démissionnera pas 

Emmanuel Macron ne veut pas prendre ce risque politique majeur. Il a donc sifflé la fin de la partie, en soutien de son Premier ministre. Gabriel Attal, en effet, ne voulait pas entendre parler d’un budget rectificatif. Et pour cause, le chef du gouvernement y voyait une manœuvre de Bruno Le Maire pour le faire tomber et espérer ensuite prendre sa place à Matignon. “Le Président a tranché et le ministre en a pris acte”, voilà ce qu’explique en substance l'entourage de Bruno Le Maire. Il ne démissionnera pas comme certains au gouvernement le pronostiquaient. Profiter de ce différend pour s’affranchir du président et tracer son chemin dans la perspective de la prochaine présidentielle. Il n’en sera rien. Pour l’instant en tout cas.

Cette passe d’armes a mis au jour très clairement deux lignes au sein de l’exécutif et de la majorité, celle d’Emmanuel Macron prêt à rogner sur quelques dépenses mais qui veut surtout faire le dos rond en attendant des jours meilleurs et une autre, celle de la rigueur, que veut incarner Bruno Le Maire. Le ministre de l’Économie a toujours fait preuve de “sagesse et de responsabilité”, glissait lundi un proche du président. Une ironie provocatrice que Bruno Le Maire appréciera…ou pas.

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