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Édito
Agnès Pannier-Runacher soupçonnée de conflit d'intérêts : l'affaire tombe mal pour le gouvernement

Mardi, à l’Assemblée, l’opposition a interpellé le gouvernement sur l’existence d’un potentiel conflit d’intérêt qui concerne la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher. L'édito politique de Renaud Dély.
Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La Première ministre Elisabeth Borne et la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher à l'Elysée, à Paris, le 5 octobre 2022.  (LUDOVIC MARIN / AFP)

Le gouvernement tombe sur un nouvel os. Le site Disclose a révélé que le père d’Agnès Pannier-Runacher, ancien dirigeant du secteur pétrolier, avait créé une société dont il a cédé des parts à ses petits-enfants. Trois d’entre eux sont les enfants de la ministre. Or, ces fonds proviendraient de l’industrie pétrolière, et auraient fructifié pour partie dans des paradis fiscaux, l’état américain du Delaware, l’Irlande et Guernesey. 

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D'où la question : la ministre est-t-elle soupçonnée d’avoir commis un acte illégal ? A ce stade, non. Clairement. Il n’y a pas de délit. D’abord parce que nul ne peut être tenu pour responsable des actes de son père. Ensuite, parce qu’il ne s’agit pas de son patrimoine, mais de celui de ses enfants. Enfin, parce qu’Agnès Pannier-Runacher certifie n’avoir jamais eu à traiter, en tant que ministre, de dossiers en relation avec les activités de son père. Elle a donc dénoncé des "accusations mensongères et calomnieuses". Il n’y a d’ailleurs pas non plus d’irrégularité : rien n’ayant trait à son patrimoine ou à celui de son conjoint, elle n’était pas tenue de déclarer cette situation dans sa déclaration auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Tout juste la ministre aurait-elle pu être plus prudente et signaler cette situation en devenant ministre de la Transition énergétique en mai. Mais cette décision  relève de la précaution politique, voire de l’éthique personnelle, mais pas du droit.

"Ministre des intérêts pétroliers"

 
Il n’empêche que pour le gouvernement, l’accusation tombe plutôt mal…C'est ce qui explique la réponse agacée d’Elisabeth Borne à l’Assemblée. Interpellée, la Première ministre s’est contentée de lancer : "Nous sommes dans un hémicycle, pas au tribunal !". L’accusation tombe d’autant plus mal que mardi, justement, le chef de l’Etat recevait à l’Elysée les représentants des 50 sites industriels les plus pollueurs pour les inciter à accélérer leur transition écologique.

Les Insoumis, eux, se font un malin plaisir d’attiser le soupçon en réclamant la tête d’Agnès Pannier-Runacher qu’ils ont rebaptisée "ministre des intérêts pétroliers". Une façon d’essayer de renvoyer la patate chaude des affaires dans le camp de la majorité, alors qu’une de leur figure majeure, le député Adrien Quatennens visé par une plainte pour des faits de violences conjugales qu’il a reconnu, n’a toujours pas démissionné.

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