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La ministre Pannier-Runacher impliquée dans "un possible conflit d'intérêts" avec une société familiale alimentée depuis des paradis fiscaux, selon Disclose

Cette entreprise, créée par le père d'Agnès Pannier-Runacher, ancien dirigeant du secteur pétrolier, est détenue par les enfants de la ministre de la Transition énergétique.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, arrive à l'Assemblée nationale, à Paris, le 19 octobre 2022. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

Dans la famille Pannier-Runacher, voici le père et ses petits-enfants. Le média d'investigation Disclose a rapporté, mardi 8 novembre, que les enfants de la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, étaient propriétaires d'une société basée sur des fonds domiciliés en partie dans des paradis fiscaux.

Le père de la ministre, Jean-Michel Runacher, a créé en 2016 en France cette société civile, nommée Arjunem, dans le cadre d'une transmission de patrimoine. Il y a apporté pour environ 1,2 million d'euros de parts, selon l'enquête de Disclose. Ce patrimoine proviendrait de fonds spéculatifs, installés dans le Delaware, en Irlande et à Guernesey. Des fonds dans lesquels la société pétrolière Perenco, dont Jean-Michel Runacher était alors un des responsables, détenait aussi des investissements.

Quatre des petits-enfants de Jean-Michel Runacher sont désormais les associés d'Arjunem. Parmi eux figurent les trois enfants d'Agnès Pannier-Runacher, qui étaient alors mineurs, et pour lesquels la ministre a signé en tant que représente légale. 

La ministre nie tout conflit d'intérêts

"Il ne s'agit pas de mon patrimoine, mais de celui de mes enfants qui, eux-mêmes, n'ont aucun pouvoir de gestion de la société à ce jour", souligne Agnès Pannier-Runacher, interrogée par Disclose et l'AFP. Selon elle, ses enfants sont seulement nus-propriétaires et ne touchent aucun dividende, son père restant l'usufruitier.

Les montants versés proviennent-ils de l'industrie pétrolière ? Sur l'origine des fonds, la ministre renvoie la balle vers son père. Elle se contente de préciser que Jean-Michel Runacher "a apporté des parts de fonds qui n'ont aucun lien avec Perenco", des "placements acquis par le passé dans le cadre de ses placements personnels".

Malgré "un possible conflit d'intérêts" évoqué par Disclose, Agnès Pannier-Runacher explique qu'elle n'a pas mentionné Arjunem dans ses déclarations d'intérêts et de patrimoine, car elle n'avait "pas à déclarer cette structure". En effet, la loi l'oblige à déclarer ses participations directes et celles de son conjoint, mais pas celles de ses enfants.

La ministre ne voit pas non plus de conflit d'intérêt entre ses fonctions ministérielles et les anciennes activités de son père. "Je n'ai pas eu à traiter de dossiers en lien avec Perenco", qui "exerce l'essentiel de ses activités hors de France", assure-t-elle.

Des élus LFI s'interrogent sur les "intérêts pétroliers" de la ministre

Sollicitée par Disclose, l'association anticorruption Anticor dénonce "une situation de conflit d'intérêts" touchant Agnès Pannier-Runacher après la révélation de l'existence d'Arjunem. La Haute autorité à la transparence de la vie publique rappelle, elle, de manière générale, que "l'absence d'obligation déclarative ne dispense pas le responsable public de veiller à prévenir et faire cesser les situations de conflits d'intérêts qui naîtraient d'autres intérêts indirects détenus, tels que l'activité des enfants ou d'autres membres de la famille".

Du côté de l'Assemblée nationale, la députée "insoumise" Clémence Guetté s'interroge, elle, sur "la probité" pour accélérer sur les énergies renouvelables d'"une ministre dont les intérêts financiers indirects sont visiblement liés à des entreprises pétrolières""Ministre de la Transition énergétique ou des intérêts pétroliers, il faut choisir", estime sa collègue Danielle Simonnet.

"Ce n'est pas cet article qui doit trancher le sort de la ministre", a défendu Loïc Signor, porte-parole du parti présidentiel Renaissance, dont est membre la ministre. "C'est au gouvernement, au président de la République" d'en décider, explique-t-on au sein de la formation.

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