Hugues Nancy, auteur de "Simone Veil, Albums de famille" : "Avec ses fils, Simone Veil a reproduit la relation fusionnelle qu’elle avait avec sa mère"
Invité de Célyne Baÿt-Darcourt dans "Info médias" mercredi 27 juin, Hugues Nancy revient sur la vie de Simone Veil dans son documentaire "Simone Veil, Albums de famille" qui donne à voir des photos exclusives et des témoignages de ses proches.
Le réalisateur Hugues Nancy signe Simone Veil, Albums de famille, documentaire diffusé mercredi 27 juin à 20h55 sur France 3. À quelques jours de l'entrée au Panthéon de l'ancienne ministre de la Santé prévue pour le 1er juillet, ce documentaire se propose de retracer la vie singulière de celle qui dépénalisa l'avortement en France en 1975.
Un accès aux photos de famille
C'est à la fin de l'année 2016 qu'Hugues Nancy rencontre Jean et Pierre-François Veil, deux des trois enfants de François Veil, afin de leur proposer de faire un portrait intime de leur mère constitué exclusivement de témoignages de membres de sa famille. Le réalisateur souhaitait "s'approcher de la vérité d'une femme et de son destin exceptionnel" : "Leur père est décédé quelques années auparavant et leur mère était très malade. C'était donc un peu difficile pour eux d'accepter au début. Ils avaient le sentiment de porter cette responsabilité familiale", révèle-t-il.
Alors qu'Hugues Nancy ne pensait avoir accès qu'à une poignée de photos de Simone Veil, ses enfants lui offre finalement la possibilité d'ouvrir tous les albums de famille. "Le film a finalement pris un autre chemin à partir de ce jour-là car en voyant ces albums, je savais que le film allait se structurer autour de ces photographies et de ces albums de famille. C'était très touchant de parcourir une vie à partir de toutes ces photos", commente Hugues Nancy.
Le film a par ailleurs pris une tournure nouvelle suite au décès de Simone Veil, quelques semaines après le début du tournage. "Le poids de ce destin est devenu plus fort, plus lourd sur nos épaules car il a fallu raconter cette histoire en sachant qu'une émotion particulière touchait sa famille et tout le pays. Nous avons donc modifié le début du film pour qu'il débute sur la cérémonie d'hommage au Invalides."
"Elle a eu ce sentiment d'illégitimité toute sa vie"
Déportée à 16 ans, Simone Veil perd la trace de ses parents et de son frère. Elle ne les reverra plus. Quelques années plus tard, l'une de ses sœurs décède dans un accident de voiture. Ponctué de drames mais aussi de bonheurs, le destin de Simone Veil prend une nouvelle trajectoire en 1974, lorsqu'elle est nommée ministre de la Santé. Simone Veil ne croit pas en cette nomination, en atteste ce qu'elle dit à son fils Jean Veil, à la suite de cette annonce : "Cela ne durera pas plus de huit jours, je vais forcément faire une connerie qui fera que je serai virée..."
Pour Hugues Nancy, elle "a eu ce sentiment d'illégitimité tout au long de sa vie. Il est lié au traumatisme de la guerre. Elle avait beaucoup de mal à communiquer avec les autres après la guerre. Elle avait sans doute un sentiment de culpabilité de se sentir vivante (...) elle a ce fort sentiment mais se bat toute sa vie en ouvrant la voie aux femmes en étant celle qui occupe des postes auparavant occupés par des hommes."
Simone Veil avait une relation fusionnelle avec ses trois garçons, estime Hugues Nancy. "Avec ses fils, Simone Veil a reproduit la relation fusionnelle qu’elle avait avec sa mère et cette relation exclusive avec ses fils a sans doute compliqué celle avec son mari Antoine Veil alors que mère et fils s'appelaient quotidiennement", conclut-il.
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