Reda Kateb dans "Arrêtez-moi là" : "la douceur comme une force"
Ce film est en fait adapté du roman de Lain Levinson, ce romancier américain qui ne cesse d'observer la société de son pays, et qui s'était inspiré d'un fait divers réel, que Gilles Bannier explore donc à son tour, en le situant en France et en l'adaptant au système judiciaire français.
A l'écran, cette histoire américaine devient celle d'un chauffeur de taxi de la Côte d'Azur injustement accusé de l'enlèvement d'une fillette, histoire racontée de manière très précise, réaliste, tendue, comme une descente aux enfers, un cauchemar, qui fera passer cet homme ordinaire par toute une gamme de sentiments : l'incompréhension, la stupeur, la colère, le découragement, l'impuissance.
Et même si le film connait quelques baisses de rythme, des détours par l'humour pas toujours convaincants, cet affrontement entre l'homme et le système, entre l'humain et la machine judiciaire, est parfaitement incarné par un Reda Kateb très intense, dans la souffrance mais aussi dans la douceur, toute la douceur de son personnage capable finalement de résister à cette violence, de pardonner, d'aimer et de vivre de nouveau, et cette dimension a semblé très pertinente au comédien: "Il n'y a pas besoin de chercher très loin les traumatismes, et cette question de savoir comment on peut réagir aux traumatismes, à des choses terribles qui peuvent arriver. Et c'est très rare les gens qui arrivent à dépasser la colère et surtout à sortir grandis d'histoires comme celle-là qui auraient pu les transformer en bêtes sauvages. Moi j'en rencontre lorsque je vais présenter des films en prison, des gens qui sont là pour de longues peines et qui ont repris les études, ou qui se sont mis à écrire de la poésie. Je suis très admiratif de cette chose dans l'humain qui fait qu'on peut soit perdre son humanité soit au contraire être encore plus humain. Ce sont des figures, des héros, qu'on voit peu en ce moment dans le cinéma, avec cette notion de douceur comme une force qui me plait beaucoup."
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