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Que devient Moirans après les violences des gens du voyage ?

20 octobre 2015. Des émeutes éclatent à Moirans, en Isère. Des gens du voyage sédentaires mettent le feu à une trentaine de voitures près de la gare. L'incendie bloque la circulation des trains et endommage un restaurant. Les manifestants exigent la libération d'un détenu, pour lui permettre d'assister aux obsèques de son frère, tué dans un accident de voiture, après un cambriolage.
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Gérard Simonet, maire de Moirans © Sébastien Baer - Radio France)

 Après le refus de la justice, la situation s'envenime. Alors que 300 gendarmes sont déployés dans cette commune de 8.000 habitants, le maire, Gérard Simonet, témoigne sur France Info.  "Il s’est passé des choses inadmissibles dans ma commune, je suis maire depuis près de 21 ans, je connaissais très bien ces gens, jamais je n’aurais pensé qu’ils puissent passer à une telle phase de violences ".

"Certains n’ont pas tourné la page"

Trois mois après ces scènes de guérilla urbaine, quinze personnes de la communauté des gens du voyage sont interpellées à Moirans. Aujourd'hui, le calme est revenu dans la commune. Mais le maire, Gérard Simonet, explique que les violences vont laisser des traces durables.  "La population moirannaise a été choquée. Jusqu’au 20 octobre, la commune de Moirans était connue pour être plutôt une commune très tranquille, où il fait bon vivre, et il a fallu essayer de rassurer les habitants. Certains étaient outrés et choqués et la violence des événements a montré qu’il y avait de quoi. A l’heure actuelle, tout le monde n’est pas encore rassuré, certains n’ont pas encore tourné la page"   remarque le maire qui a rencontré régulièrement la communauté des gens du voyage depuis ces incidents.  "C’est de mon devoir de maire de tout faire pour que les choses redeviennent normales à Moirans. Il va falloir qu’on soit en capacité de faire cicatriser cette plaie pour qu’on vive le mieux possible ensemble" .

Laxisme ?

Le maire de cette commune de l’Isère repousse les accusations de laxisme qui ont visé le gouvernement après ces émeutes.  "Le laxisme, à Moirans, je ne l’ai pas vécu. J’ai eu affaire à deux ministres ici à Moirans. Monsieur Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, qui est venu deux fois et Monsieur Valls, qui est venu une fois. Je peux vous dire que je les ai régulièrement soit par texto soit par courrier et ça se passe très bien. Le Premier ministre, on a beau le critiquer, il a mouillé la chemise dans ce dossier, il a fait ce qu’il avait à faire » note Gérard Simonet qui admet que les émeutes ont terni l’image de sa commune.  "Les événements du 20 octobre auront été très très difficiles à gérer et très difficiles à digérer ".

Pas de regrets

Après les incidents, le maire a fait l’objet d’un certain nombre de pressions, pour l’inciter à faire partir les gens du voyage de sa commune. "Des personnes m’y auraient poussé, je n’ai pas que reçu des lettres de remerciement ou de félicitations mais je préfère tout faire pour améliorer la situation"  insiste Gérard Simonet qui interroge : "On aurait fait quoi ? Envoyer la misère dans une autre commune ?  Non"  assène le maire qui reconnaît "Je l’aurais demandé, cela aurait été fait dans les quinze jours qui suivent, cela aurait été fait, ils auraient été la commune" . Gérard Simonet, maire depuis 21 ans de Moirans, ne regrette rien à sa gestion de la crise. "Si c’était à refaire, je referai exactement la même chose ".

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