Le prix Nobel de Physique m'a conféré le "rôle d'inspirer les jeunes, en particulier les femmes, pour faire une carrière en physique", explique Anne L'Huillier
Le 4 octobre 2023, Anne L'Huillier recevait à 65 ans le prix Nobel de Physique avec un autre français, Pierre Agostini, pour son travail de 40 ans sur les lasers ultrarapides, qui permettent d'observer le mouvement des électrons dans la matière. "Je me réveille comme dans un rêve, confiait-elle alors, je pense que ça va bouleverser ma vie, mais j'espère pas trop, parce que j'aime bien ce que je fais, et je veux continuer à enseigner et à faire de la recherche."
Alors qu'elle enseignait depuis presque 30 ans à l'université de Lund en Suède, l'une des plus prestigieuses de Scandinavie, Anne L'Huillier était retournée dans l'amphithéâtre comme si de rien n’était, quand elle avait appris la nouvelle lors d'une pause. Cette anecdote résume bien sa personnalité discrète, voire timide, mais surtout très humble.
Un rôle d'ambassadrice de la science
La normalienne, agrégée en mathématiques, a débuté sa longue carrière au Commissariat à l'énergie atomique de Paris-Saclay. Déjà multi-récompensée pour ses travaux, la physicienne, qui se projetait tranquillement vers la retraite, a vu son quotidien bousculé après l'engouement mondial qui s'est créé autour de son prix Nobel. Elle ne s'imaginait pas l'impact d'une telle distinction sur sa vie et a même reçu pendant un temps des égards dignes d'une "star de pop", s'amuse-t-elle en racontant les queues à la fin de ses présentations pour des autographes ou des selfies.
"Depuis que j'ai eu le prix Nobel, je ne fais plus tellement de recherche, je réponds à plein d'invitations, je voyage beaucoup, je fais plein de présentations."
Anne L'Huillier, prix Nobel de Physiqueà franceinfo
Anne L'Huillier se sent désormais considérée comme une "ambassadrice de la science" - un rôle qu'elle prend très à cœur auprès des jeunes et notamment des jeunes filles. "Ça met beaucoup de responsabilités, explique-t-elle. On a un rôle à jouer, qui est d'inspirer les jeunes femmes et les jeunes hommes, mais en particulier les jeunes femmes, de leur dire que c'est possible de faire une carrière en physique".
Elle est surtout restée vivre en Suède car elle y a rencontré son mari suédois. Avec deux enfants, plusieurs petits-enfants, elle est aussi fière de sa vie de famille - si ce n'est plus - que de son excellente carrière scientifique.
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