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Ils ont fait l'actu. Romain Grosjean huit mois après son accident : des séquelles mais pas de regrets

Sébastien Baer revient sur les événements marquants de l'année. Et ce sont ceux qui les ont vécus qui les racontent. Le pilote de F1 Romain Grosjean a réellement failli mourir lors du Grand Prix de Bahreïn l'an passé. Il souffre encore aujourd'hui des séquelles de ses brûlures aux mains.

Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Romain Grosjean miraculé après l'incendie de sa Formule 1 lors du Grand Prix de Bahrain (Moyen-Orient), le 29 novembre 2020. (BRYN LENNON / POOL / AFP)

29 novembre 2020. Au Grand Prix de Bahreïn de Formule 1, Romain Grosjean est victime d'un spectaculaire accident. À 220 km/h, la monoplace du pilote de 34 ans sort de piste et un violent incendie se déclare. Au bout de plusieurs minutes d'angoisse, Romain Grosjean apparaît enfin sur les images de la télévision, victime de quelques brûlures aux mains et aux chevilles. "J'ai vu la mort arriver et d'après les images, c'est vrai que même à Hollywood, je pense qu'on n'est pas capable de faire ça. C'est le plus gros crash que j'ai jamais vu de ma vie, la voiture qui prend feu, qui explose... "

Après cet accident, le pilote est obligé de déclarer forfait pour la fin de saison de Formule 1 et de rentrer en Suisse pour soigner ses brûlures. Ensuite, comme il l'avait envisagé avant le drame, Romain Grosjean fait ses adieux à la Formule 1 pour rejoindre le championnat Indycar, aux Éats-Unis. Moins de trois mois après sa sortie de route à Bahreïn, le Franco-Suisse a repris le volant. Sans appréhension mais sans rien oublier non plus de l'accident qui aurait pu lui être fatal. "J'ai effectivement vu la mort de trop près. Je ne le souhaite à personne parce que c'est vraiment pas un sentiment agréable. Après, c'est une expérience qui a changé ma vie dans le bon sens. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, je profite beaucoup plus qu'avant. Je suis heureux d'être en vie, chaque jour est un bonus. Vous savez, on naît, c'est normal, on est là, sur terre. Et puis, je me suis rendu compte que la vie pouvait partir en quelques secondes. Du coup on voit les choses très différemment" explique le pilote qui n'a pas récupéré complètement après son accident.

Je pense que je ne récupérerai jamais complètement.

Romain Grosjean

à franceinfo

"Ma main gauche a des séquelles, une cicatrice qui a besoin d'avoir de la crème à peu près toutes les heures. Je continue en permanence à faire des exercices et à bouger ma main gauche puisque si j'arrête la peau se durcit et je n'arrive plus trop à plier les doigts. Je ne peux pas me mettre au soleil... et c'est douloureux. C'est douloureux 20 heures par jour, je dirais, mais on apprend à vivre avec et au final, chaque matin c'est un rappel, le premier geste que je fais, c'est mettre de la crème sur la main, je me dis 'tiens, je suis là, je suis en vie, c'est génial. Profitons de la journée'," détaille Romain Grosjean.

Une certaine appréhension qui a vite disparu

Romain Grosjean a ressenti une petite appréhension au moment de reprendre le volant mais sans doute pas autant que sa famille. "C'est sûr que ça n'a pas dû être un moment facile pour eux. Et en même temps, ils ont réalisé à quel point je suis épanoui et heureux au travail et dans ma nouvelle aventure. Et le reste est un peu, pas oublié parce qu'on ne peut pas oublier le facteur risque, mais mis de côté ou en arrière-plan." Quant à lui, il a beaucoup travaillé avec sa psychologue pour gommer toute forme d'appréhension. "Pour moi, la dernière vraie question, c'était au moment de prendre un départ en course. Comment ça allait se passer ? Finalement, ça s'est plutôt bien passé. Je dirais que le premier départ, j'étais un petit peu sur la retenue parce que c'était un départ lancé, j'en avais jamais fait et parce que c'était le premier départ après l'accident de Bahreïn. Aujourd'hui, je me sens tout à fait comme avant et je n'ai aucune limitation".

Le pilote adore l'environnement des courses américaines. "C'est à peu près le jour et la nuit entre l'atmosphère en Europe et aux États-Unis, c'est clairement très différent. Ici, il y a une convivialité et une camaraderie entre les pilotes, entre les équipes qui n'existe absolument pas en Europe. C'est vrai que c'est un choc culturel assez important qui, finalement, pour moi, est facile à vivre parce que je trouve que c'est quand-même plus sympa ici de partager ça avec les autres, alors qu'un pilote qui a grandi dans l'atmosphère américaine et qui arrive en Europe va être complètement choqué et perdu".

Pas de nostalgie par rapport à la F1

D'ailleurs, Romain Grosjean n'éprouve aucune nostalgie quand on évoque les circuits de Formule 1. "J'ai eu une très belle carrière. J'ai vécu des choses extraordinaires que je n'aurais jamais pensé vivre." 

Je regarde tous les Grands Prix avec grand plaisir, mais je n'ai aucun regret de ne pas être sur la grille de départ.

Romain Grosjean

à franceinfo

"Je pense que je suis arrivé au bout de ce que j'avais envie de faire et surtout, j'avais besoin de retrouver une compétition où, chaque week-end de course, on se dit 'Allez, si on fait les choses bien, on peut gagner la course'. Et ce n'est malheureusement pas le cas en Formule 1 parce que vous dépendez trop de votre voiture. Après, si j'ai un coup de fil de Mercedes ou de Ferrari, je ne dirai pas non. Mais la probabilité est relativement faible" dit le pilote.

Au moins dans un futur proche, l'avenir de Romain Grosjean s'écrit donc sur les circuits américains d'Indycar, entre deux commentaires de course pour la chaîne Canal +. Aux Etats-Unis, le pilote mène une vie de nomade mais qu'il adore, de circuit en circuit, au volant de son maxi camping-car de 40 mètres carré.

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