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Grand Prix de Bahreïn - Romain Grosjean raconte pour la première fois son accident : "J'ai vu la mort arriver, ce n'était pas mon heure"

Romain Grosjean s'est exprimé au JT de TF1 mardi pour la première fois depuis son accident dimanche au GP de Bahreïn, qui aurait pu lui coûter la vie. Le pilote français va bien, mais il ne s'en cache pas, il a vu la mort de près. "Pour mes enfants, il fallait que je sorte" de sa monoplace, raconte-t-il. Le Français ne lâche toutefois pas l'espoir de pouvoir disputer une dernière course cette saison avant de quitter la Formule 1.
Article rédigé par Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Romain Grosjean épaulé par les secours après son terrible accident lors du GP de Bahreïn (HAMAD I MOHAMMED / POOL)

Après le choc des images, restait celui des mots. Romain Grosjean s'est exprimé en longueur mardi dans le JT de TF1, pour la première fois depuis son terrible accident dimanche lors du Grand Prix de Bahreïn de Formule 1, quand sa Haas avait explosé en deux après un crash dans un rail de sécurité. Le pilote français l'assure, il va bien, même s'il se trouve toujours à l'hôpital sur place. Mais il en est convaincu, cet accident terrifiant ne pouvait pas être une fin, ni de sa carrière en F1, et surtout pas de sa vie.

"C'est le plus gros crash que j'ai vu de ma vie. Je ne sais pas si le mot miracle existe ou si on peut l'utiliser, mais ce n'était pas mon heure" clame l'ancien pilote Lotus. Les mains brûlées au 2e degré et pansées, comme des "mains de Mickey", Grosjean garde le sourire et relativise. "J'ai vu la mort arriver. Je vais très bien vu l’ampleur de l’accident. C’est superficiel, j’ai la mobilité dans tous les doigts." Il est en toutefois conscient, le prochain gros travail sera peut-être psychologique, lui qui est resté lucide durant toute la scène et la raconte aujourd'hui en détail.

"Je n’ai pas perdu connaissance. Pour m’extraire du baquet, j’ai pu retirer ma ceinture, le volant n’était plus là, probablement envolé lors du choc. J’ai vu ma visière tout orange, les flammes autour de moi, et m’est venu à l’esprit l’accident de Niki Lauda (ndlr : le 1er août 1976, le pilote autrichien de Ferrari avait été grièvement blessé, brûlé au 1er et 3e degré suite à un accident lors du GP d'Allemagne), je ne voulais pas finir comme ça. J'ai mis mes mains dans le feu, donc j'ai clairement senti qu'elles étaient en train de brûler sur le chassis. Puis j'an senti quelqu'un tirer sur ma combinaison donc j'ai compris que j'étais dehors. Il fallait que je sorte, pour mes enfants. Au final, j’ai les mains brûlées et une grosse entorse, alors que je pensais m’être cassé le pied. J’ai vu la mort arriver, je n’avais pas d’autre possibilité que de sortir de là."

"Je pense que Jules n’avait pas envie de moi là-haut"

Sa voiture encastrée en plein milieu d'un rail en métal éventré, l'accident de Romain Grosjean est aussi sérieux que rarissime en Formule 1, discipline qui a fait des grandes avancées sur la sécurité ces dernières années. Le pilote de 34 ans l'a d'ailleurs rappelé, sans le halo, l'arceau protecteur au niveau du casque des pilotes rendu obligatoire en 2018, son sort aurait certainement été différent. L'impact mortel subi par le Français Jules Bianchi contre un véhicule-grue lors du Grand Prix du Japon 2014 l'a rappelé autant au grand public qu'il n'a fait écho dans l'esprit de Romain Grosjean. "Sans le halo, je ne serais plus là. Je pense que Jules n’avait pas envie de moi là-haut."

Le pilote Haas est pourtant formel, malgré la violence de la scène, lui n'a jamais eu peur pour lui-même. "J’ai plus eu peur pour mes proches, mes enfants en premier lieu, mais aussi mon père et ma mère, je n’avais pas vraiment peur pour moi. Mon petit Simon, qui a cinq ans, m’a dit que j’avais un pouvoir magique, un bouclier d’amour magique qui m’a protégé. La petite dernière m’a fait un dessin. Même si c’est compliqué pour mes proches, c’est un besoin pour moi de remonter dans une voiture de Formule 1, pour voir où j’en suis, si je peux continuer à piloter."

Car Romain Grosjean pense déjà à l'après. Cette saison 2020 est sa dernière au sein de l'écurie Haas et très probablement sa dernière en Formule 1. Alors, le Français ne voulait pas finir les choses de cette manière, sur les images d'un brasier et d'un dernier Grand Prix terminé avant même la fin du premier tour. "Même à Hollywood, cela n’existe pas. Je suis resté 28 secondes dans les flammes mais cela m’a paru bien plus long, alors que j’ai tenté trois fois de m’extraire du baquet. Après cet accident, je suis heureux d’être en vie." Il souhaite désormais "finir (s)on histoire en F1 autrement", si possible à Abou Dabi dans deux semaines pour l'ultime course de la saison. "Le Romain Grosjean d’avant n’aurait jamais dit ça mais, si je fais Abou Dabi, je serai heureux même si je termine 20e ! C'est comme une renaissance pour moi. Je serai marqué à vie par cet accident."

Grosjean est remplacé pour le deuxième GP sur le circuit de Sakhir, dimanche prochain, par le Brésilien Pietro Fittipaldi.

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