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Ils ont fait l'actu. Que devient Yann Augras, leader syndical de GM&S ?

Le 7 septembre 2017, après des mois de manifestations, de blocages et de négociations la justice accepte l'unique offre de reprise de GM&S, l'équipementier automobile installé dans la Creuse. L'accord, conclu pour un euro symbolique, prevoit de conserver seulement 120 salariés sur les 277 du site de La Souterraine. Pour les employés représentés par notamment par Yann Augras , délégué CGT, la proposition est loin d'être satisfaisante.

Article rédigé par franceinfo, Sébastien Baer
Radio France
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Yann Aubras (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

La justice a accepté début septembre l'unique offre de reprise de GM&S, l'équipementier automobile installé dans la Creuse en graves difficultés financières. Une reprise avec 120 salariés gardés sur 277. Après le 7 septembre, les salariés de GM&S ont poursuivi leur lutte pour obtenir le maintien de postes supplémentaires mais leur combat marathon n'a pas donné les résultats escomptés puisque fin mai la justice a rejeté leur recours.

Désormais et loin des projecteurs, le site de La Souterraine tourne au ralenti malgré les engagements des constructeurs automobiles et du gouvernement.

"On culpabilise un peu"

Les salariés qui ont été conservés ont dû s'habituer à travailler dans une ambiance particulière explique Yann Augras, le délégué CGT : "Pour moi, ce qui a été très difficile au début, c'est de revenir avec mes quelques collègues et de se dire qu'on a été gardé, nos copains ont été licenciés. Ce qui est d'autant plus dur c'est que quand vous étiez 15, 20, 25 à vous changer en caleçon et là vous vous vous apercevez, vous levez les yeux, vous êtes un, deux dans les allées. Ça fait mal. Pour beaucoup on a partagé, pour certains des mariages, la naissance des gamins, les anniversaires et que là vous vous retrouvez à trois dans une allée qui fait trois mêtres de large sur 10 mètres de long. C'est difficile parce que même des fois on culpabilise un petit peu, on se dit qu'ils ont m'ont gardé, ils n'ont pas gardé mes potes. Ils ont viré des copains qui avaient trois, quatre gamins, voire cinq gamins. Donc cela c'est terrible."

Un local avec des photos, des dessins et des caricatures

Yann Augras dans son local CGT dans l'entreprise GM&S à La Souterraine (Creuse). (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

Yann Augras décrit les murs de son local : "C'est les images de la lutte. C'est à chaque fois que nous sommes allés bloquer un site. Il y a en fond d'écran tous les copains en photo avant le licenciement. Ça nous fait plaisir de les avoir en photo mais ça nous fait mal parce que quand on ouvre l'écran on voit bien qu'une grosse partie ne sont plus là. C'est toujours difficile de revenir au CE. Il ne faut pas oublier que sept de nos représentants CGT ont été licenciés et je pense que des licenciements ont été politiques, on en a la certitude."

Yann Augras ne regrette pas que limage qui reste de GM&S soit des pneus qui brûlent, une usine piégée : "Si c'était à refaire, on referait. Comment vous faîtes quand vous êtes au pied du mur et que vous ne savez qu'à la dernière minute le nombre qui sera repris et quel choix avait-on au bout du plan social ? Cela fait depuis 2006, 2008 que l'on se bat, que les constructeurs sont après notre peau. Il ne faut surtout pas regretter le combat qui a été mené. On espère que ce combat servira à d'autres et que d'autres prendront modèle et qu'il y a peut-être des politiques  qui essaieront de se faire élire pour défendre leur département, pour défendre leur région."

Concernant la phrase de Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances qui a promis en rendant visite à GM&S durant l'été dernier, que "Personne ne sera laissé au bord de la route", elle est très mal passée, Yann Legras : "Je crois que monsieur Bruno Le Maire doit faire autre chose que de la politique. C'est bien beau de venir sur un site pour essayer de réconforter les salariés et de leur faire avaler tout un tas de choses, les salariés ont bien compris aujourd'hui qui était monsieur Bruno Le Maire. Bruno Le Maire, c'est un politique qui balance des phrases, des belles paroles et des promesses qu'il ne tient pas et qu'il ne tiendra jamais. Aujourd'hui qu'il revienne voir dans quel état est l'usine. Les politiques haut placés comme Bruno Le Maire, comme aurait du venir peut-être Emmanuel Macron, sont venus quand ça leur chauffait au cul et puis on ne les a jamais revu depuis."

Encore un espoir

Yann Augras espère que son usine reprendra vie : "On l'espère en tous les cas de tout coeur même si on sait que c'est difficile. On espère aussi qu'il y ait des collègues licenciés qui soient repris en intérimaires et pourquoi pas derrière embauchés. On espère plein de chose mais on est prudent parce qu'on a pris une claque mais on ne baisse surtout pas les bras."

Avant l'été, plusieurs salariés de l'usine GM&S, devenue aujourd'hui LSI, ont présenté aux députés une proposition de loi pour responsabiliser les donneurs d'ordres et éviter, disent-ils, la casse de l'industrie. Les ex-GM&S ont aussi fait appel de la décision de justice qui a validé le plan social et le licenciement de plus de 150 personnes. Ils attendent désormais le résultat de leur appel, sans doute à l'automne, leur dernière chance de voir annuler le plan social.

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