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Ils ont fait l'actu. Fabien Villedieu, délégué syndical sud-Rail, sur la réforme des retraites : "On se bat aussi pour notre dignité"

Comme tous les étés, Sébastien Baer revient sur les événements marquants de l'année. Et ce sont ceux qui les ont vécus qui les racontent. Mercredi, Fabien Villedieu, délégué syndical sud-Rail a mené un long combat avec la réforme des retraites.

Article rédigé par franceinfo, Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Fabien Villedieu (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

 5 décembre 2019. C'est la première journée de grève contre la réforme des retraites. Enseignants, pompiers, soignants, étudiants, cheminots sont dans la rue pour dénoncer le système universel par points. Et en ce premier jour de grève, Fabien Villedieu, délégué syndical sud-Rail, ne sait pas encore qu'il s'apprête à vivre le plus long conflit social de l'histoire de la SNCF. "Que les choses soient claires. La question n'est pas de savoir si on va mettre 5 ans ou 10 ans pour basculer vers un système de retraite à points. On ne veut pas aller dans un système de retraite à points." Après plusieurs semaines de paralysie, la France a peu à peu retrouvé son activité normale mais pour une courte durée, car à la grève a succédé la crise sanitaire liée au coronavirus.

Pourquoi changer quand on a le meilleur système de retraite au monde ?

Fabien Villedieu

à franceinfo

Fabien Villedieu se dit persuadé que le gouvernement n'ira pas au bout de la réforme des retraites. Le syndicaliste de sud-Rail, qui est aussi conducteur sur le RER D, a repris le travail en février, après 58 jours de grève. "J'ai mis ma vie de côté pendant deux mois, je suis parti de chez moi le 4 décembre au soir et je suis revenu quasiment deux mois après. C'est sûr que mes filles me voyaient plus souvent à la télé que dans la réalité, pareil pour ma femme. Tout ça laisse des traces, j'ai fait 58 jours de grève et perdu 6 000 euros" dit le syndicaliste qui ajoute "mais bon, c'est l'histoire du combat ouvrier et du combat syndical". Pendant plusieurs semaines, Fabien Villedieu, 43 ans, a incarné l'une des figures de la contestation à la SNCF. "J'ai connu déjà des périodes de médiatisation. Mais tout ça se dégonfle vite" note-t-il avec sagesse.

"On a toujours raison de se battre"

Mais l'expérience ne l'empêche pas de se poser des questions en permanence. "Est-ce que je fais le bon choix ? Est-ce que je n'emmène pas les collègues droit dans le mur ?" s'est souvent interrogé le quadragénaire qui à chaque fois qu'il "avait le moral dans les chaussettes" a été regonflé à bloc par la ferveur et l'enthousiasme des assemblées générales.

Neuf mois jour pour jour après le début de la contestation, Fabien Villedieu tire les leçons de ce mouvement : "On a toujours raison de se battre même si on ne gagne pas. On se bat aussi pour notre dignité. On est dans une société où on passe notre temps à courber l'échine et regarder ses pieds. Eh bien se battre c'est regarder son patron ou le PDG de la SNCF les yeux dans les yeux et lui dire 'j'irai jusqu'au bout, je suis déterminé'. Cela n'a pas de prix".

Pour l'heure, la bataille sur la réforme des retraites n'a été remportée par personne. Mi-juillet, le gouvernement a annoncé que les négociations avec les syndicats ne reprendraient pas avant l'année prochaine.

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