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Les grands et beaux principes du collège unique

De la réforme Fouchet de 1963 à celle de Haby en 1975, le collège a été au cœur des attentions des ministres de l'Éducation nationale. En créant un échelon entre l'école primaire et le lycée, il s'agissait de créer les conditions d'un enseignement démocratisé et fraternel...
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Collège Las Cazes à Montpellier © Maxppp)

Nous sommes au début du mois de mai 1963, les Rolling Stones viennent d’entrer en studio pour enregistrer leur premier album, et, mais ça n’a rien à voir, le ministre de l’Éducation nationale, le gaulliste Christian Fouchet annonce une réforme de grande ampleur concernant les jeunes gens âgés de 10 à 14 ans :

"Nous avons décidé de créer des établissements polyvalents de premier cycle qui grouperont les élèves de la 6ème jusqu'à la 3ème. Cela marquera une date dans l'histoire de la démocratisation de l'éducation nationale. Des enfants vont se retrouver unis quelles que soient leurs origines sociales au sein d'un même établissement et ils pourront y vivre fraternellement côte à côte"

Ces "établissements", ce sont les collèges. L’esprit qui guide cette création est clairement fixé par le ministre qui "évoque" la démocratisation et la fraternité. C’est toute une classe d’âge qui doit se retrouver dans un même établissement. Pour autant, cette réforme aussi importante soit-elle ne va pas au bout de la logique. Si les jeunes seront ensemble, c’est essentiellement dans la cour de récréation, parce que dans les classes, les filières distinguent encore les élèves selon, grosso modo, leur niveau et la perspective dès la 6ème de s'orienter soit vers le lycée soit vers l’enseignement technique.

La réforme est finalement achevée en 1975, lorsque le ministre de l’éducation René Haby abolit les filières faisant du collège, le collège unique. Mais le promoteur lui-même est conscient des risques d'une telle réforme.

"Nous pensons bien que pour certains de ces enfants, il y aura une difficulté à assimiler dans les disciplines de base. (...) C'est ça la grande aventure dans laquelle notre pays se lance, de donner à tous ces jeunes une formation unique."

C'est avec une très grande confiance que le collège unique est lancé. Un optimisme que l’on retrouve chez le successeur de René Haby, Christian Beullac qui précise à son tour l’esprit du collège unique. 

"C'est une réforme profonde qui a été voulue pour lutter contre la ségrégation..."

 

Les promoteurs du collège unique étaient animés des meilleures intentions et de grands principes : démocratisation, fraternité, fin de la ségrégation...

Autant de principes républicains qui expliquent pourquoi, malgré toutes les faiblesses du collège unique, aucun ministre n’a jamais osé, depuis, le remettre en cause.

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